Bubinga est un homme mûr qui a beaucoup de succès dans ses affaires bien qu’ayant aussi de nombreux détracteurs. Il a une grande renommée et ses activités sont établies jusque dans les moindres recoins de son pays. Bubinga a hérité du maillage territorial laissé par l’ancien monopoleur Ossoko. Après qu’Ossoko lui ait cédé l’entreprise, Bubinga changea son nom et fit implémenter sa nouvelle vision. Pendant de longues années, il bénéficia lui aussi du statut de monopoleur dont jouissait son prédécesseur puis un jour, le vent tourna et il fut contraint d’accepter la concurrence. Accusant le coup, il entreprit de consolider ses acquis en constituant des bastions et en nouant des alliances fortes avec d’autres entrepreneurs qu’il su intéresser. Malgré tout, il perdit de nombreuses parts de marché et fut sérieusement mis en difficulté en 1992. En homme au sens aiguisé des affaires, il sut retourner cette situation en sa faveur. Au lieu d’engager un bras de fer qui lui aurait été préjudiciable avec ses nouveaux concurrents, il s’associa avec certains d’entre eux grâce auxquels il regagna la majorité des parts. La suite nous la connaissons, Bubinga réussi à phagocyter ses associés et en quelques années, il régnait de nouveau en maitre remportant tous les « prix » au grand écœurement de ses petits concurrents qui se contentèrent de passer leur temps à l’accuser de profiter de sa position préférentielle au lieu de descendre sur le terrain essayer de faire comme lui. En vérité, au quotidien les clients ne voient que les entreprises Bubinga et même si ses produits sont souvent critiqués, la réalité est qu’il n’y a à côté, aucune autre offre pertinente, la plupart des concurrents s’étant cantonnés dans des zones sans importance, où ils n’ont pour seuls clients que des membres de leurs familles.
A partir de 2016, l’on a vu arriver sur le marché de nouveaux entrepreneurs. L’un d’eux, à la tête des entreprises « NKAP », fort de sa grande renommée intellectuelle a suscité assez de remous et d’espoir, surtout pour « CERTAINS » de ses frères ai-je constaté. De mon poste d’observation, je me suis demandé [que] : hum ! Le père ci n’est pas en train de faire ce qui avait perdu les autres ? Le connaissant et vu sa stature, je me suis permis de douter qu’il puisse être l’instigateur de ce que j’observais. Qu’ai-je observé ? « CERTAINS » de ses frères sont devenus méconnaissables. Des gens avec qui nous mangeons dans le même plat, avec qui nous partageons nos joies et nos peines sont devenus intolérants, aineux… les preuves sont sur la toile et j’ai avec moi des tonnes de captures d’écran. Naturellement, en face, il y’a eu réplique.
De tout ce que j’ai pu lire, il m’a semblé que pour ces frères-là, leur messie était arrivé et était venu le temps pour eux d’avoir le monopole du marché et de régler son compte à Bubinga et tous ceux soupçonnés d’avoir pu profiter de ses largesses d’une manière ou d’une autre. C’est encore là que je me suis dit [que] : hum ! À eux seuls, ils ne peuvent pas avoir le monopole du marché ; en se mettant à dos tous les autres, comment comptent-ils y arriver ? Je me suis encore demandé [que] hum ! Donc les autres sont fous, Vous leur promettez le calvaire et voulez qu’ils achètent le produit de votre frère ? Quand lui-même a pris la parole pour leur demander d’arrêter ça, j’ai dit à certains : vous voyez, ce n’était pas lui. Mais est-ce qu’ils l’ont alors écouté ?
N’est-ce pas avec tout ça, le jour du grand concours est arrivé. Certains clients ont dit « haaa ». Le peu qui s’est déplacé avait le choix entre neuf entrepreneurs dont « Bubinga », le messie des autres « Big professor », le jeune fringant « Ahidjo Bis », l’homme des avions « Bouboule », celui qui parle avec Dieu même « Big Pasto », l’homme au nœud papillon « Ndjamandjama », le grand docta qui joue au pingpong avec sa femme « Ndjaptche », le père rigoureux qui avait fait ça dure à Katy « kankan » et enfin l’autre jeune qui nous a amené l’histoire des gros bus, « Lance-flamme ». Ce jour-là, moi-même je suis parti au kiosque prévu à cet effet choisir qui pour moi est le meilleur entrepreneur avant de rentrer chez moi m’écouter « Watafufu ». Le lendemain, quelle ne fut pas ma surprise d’entendre « Big Professor », à travers une métaphore se déclarer vainqueur du concours appelant Bubinga à organiser la transition ? Ekie !!! Le père ci a fait ça comment ? Mama Sarah !!!!!! Ah, un grand comme lui, s’il affirme pareil chose c’est que ce n’est pas la blague, il a certainement les preuves de ce qu’il allègue. Frère jacques, frère jacques… dingdengdong : les carottes sont cuites pour Bubinga. Le père merci pour les services rendus, va te reposer. Sauf que, un jour après, qu’est-ce que j’entends ? Big Professor demande l’annulation partielle de l’élection qu’il dit avoir gagné et ce, dans sept régions. REKIEEEE !!! Soit dit en passant, Bouboule et Ahidjo bis ont aussi déposé des requêtes qui n’ont pas connu de suites favorables.
Est-ce que j’ai alors le niveau de comprendre les agissements de Big professor ? N’est-ce pas l’affaire est partie au tribunal, Big professor est venu avec l’avocatier. J’étais là que pian, je vais voir l’affaire ci. Ils ont parlé, parlé, parlé…, deux jours durant. Quand ils eurent fini, j’ai ma part dis que l’affaire ci est plié. Quand les autres sont venus hein, c’est là que j’ai dit que yeuch !!!! Ça peut faire comme ça les gens ci nous ont raconté du n’importe quoi hein. Moi je sais quoi des affaires de droit ? J’ai appris et retenu deux choses principales dans ce procès et c’est elles qui m’ont permis de forger ma conviction qui n’est pas forcement la vérité :
- Ce qui fait foi c’est le procès-verbal
- C’est celui qui affirme quelque chose qui en apporte la preuve
Au-delà de tout ce qu’on a vu et entendu, Big professor n’avait pas de procès-verbal parce que n’ayant pas de personnes pour veiller sur ses voix dans les bureaux de vote. Ce que son avocatier brandissait à la télé étaient en quelques sortes des documents de synthèses élaborés au niveau départemental où il avait le droit de se faire représenter. Plus encore, celui qui est allé le représenter à la commission nationale de recensement des votes, Professor aussi, avait signé le document sans émettre la moindre réserve.
Big professor a affirmé que les autres ont fraudé et que lui il a gagné, la charge de la preuve lui revenant, n’en n’ayant pas, les grands-pères et les grand-mères qui avaient les perruques et les peignoirs rouges (c’est même quel genre d’habits ça ? NDLR) ont dit que NON, que Big professor n’a pas raison et les avocats ont commencé à tomber de son avocatier.
L’histoire-là ressemble à s’y méprendre à celle qui avait opposé mes deux voisins Zigli et Kondrè. Les deux gars avaient des vues sur une jolie créature du quartier, une jeune fille couleur ébène au sourire enchanteur. Kondrè, pour discréditer Zigli auprès de la donzelle, ne le voyant pas d’habitude avec des filles, racontait à tout le quartier que ce dernier est homosexuel et est même allé jusqu’à lui porter plainte. Au tribunal évidemment, on lui demanda d’en apporter la preuve. Pendant deux jours, il s’acharna à démontrer que ni lui, ni personne au quartier n’avait jamais vu Zigli avec une fille. Sauf que le juge lui dit que ce n’est pas une preuve. Tout le quartier était allé suivre le procès et voilà la honte qui arrivait vers Kondrè. En dernier recours, prenant soin que sa voix soit bien entendu, s’adressant au juge et à Zigli, il cria : QU’IL MONTRE SES FESSES.
« La charge de la preuve incombe à la partie qui a mis en mouvement l'action publique » dit le code de procédure pénale en son article 307.
Evidement Kondrè avait perdu le procès mais la suspicion est calée sur Zigli. Et le pire dans l’histoire est d’entendre les partisans du Kondrè dire : que c’est quoi ? S’il n’a rien à se reprocher, qu’il montre ses fesses ça fini là.
Pas très fair-play tout ça mais bon, il parait que c’est aussi ça la politique.