La recherche effrénée d’un strapontin ministériel ne me semble pas assez pertinente pour se mettre à dos, comme ce fut et est le cas de Me Momo, et certains de ses partisans et une bonne partie de sa communauté acquise à la cause d’un autre. Sa démarche ressemble à s’y méprendre à celle commune à ces individus dont les yeux s’ouvrent subitement sur des réalités qu’ils ne percevaient pas. Se rendant compte de s’être lourdement fourvoyés, leurs convictions bien établies, ces derniers ne ménagent généralement aucun effort pour les partager aux autres, et dans des cas extrêmes, quoi qu’ils leur en coûtent. Car si pas conviction, comment Me Momo aurait-il pu tenir face à la levée de boucliers engendrée par son soutien à Paul Biya lors de la dernière élection présidentielle et plus encore, par ses sorties osées contre sa communauté ?
A la faveur du décret présidentiel du vendredi 04 janvier 2019, Monsieur Momo s’est vu porter au rang de Ministre Délégué auprès du Ministre de la Justice Garde des Sceaux. Il n’en a pas fallu plus pour que certains y voient la récompense d’un calcul politique effectué au détriment de toute une communauté. De toute une communauté ? Nous ne nous aventurerons pas sur cette piste. Par ailleurs, en politique, quoi de plus compréhensible que de faire des calculs ? Et si d’aventure maitre Jean de Dieu MOMO en a fait et qu’à travers cette nomination il a atteint son objectif, de toute évidence donc, il a fait le bon et ce n’est pas nous qui allons le plaindre.
Mais que d’invectives, que de coups aura-t-il reçus sur le chemin qui l’a mené au « sacre ». « Le traitre », « Fingon », « le fou de Bafou », « Avocat « l’eau l’eau »… Tel est là, pas le moins du monde représentatif, un échantillon de qualificatifs péjoratifs qui lui ont été attribués.
Nonobstant tout cela, ce qui aura forcé notre admiration à égard du patriote incompris aura été, outre la force de sa conviction exprimée par son soutien à Paul Biya, ce sont ces sorties osées contre sa communauté. Pertinentes ou pas, avoir le courage de dire aux siens ce qu’on pense d’eux mérite en soit respect. Il n’est pas évident de le faire et nombreux sont ceux à avaler des couleuvres parce que n’osant s’exprimer.
Extraits de quelques propos qui lui sont attribués
« Le bamiléké est un peuple qui empêche au Cameroun de s'élever. Ils racontent partout qu'ils sont les plus riches, les plus beaux, les plus intelligents et même les plus nombreux. Ils ne sont rien, rien du tout. Les bamilékés ne valent rien du tout, d'ailleurs ils sont toujours les premiers à jouer contre le Cameroun ».
« Hier pendant les indépendances ils ont, avec les Bassa, joué contre le Cameroun. Lamberton avait dit que le Cameroun accède à l'indépendance avec un caillou dans sa chaussure, et ce caillou c'est le Bamiléké. Les gens n'avaient pas compris. Il voulait dire que le Bamiléké est le peuple qui empêchera le Cameroun de décoller. Ça s'est vu hier, ça se confirme aujourd'hui ».
« Aujourd'hui ils (Les Bamilékés) continuent de jouer contre le Cameroun. D'où vient-il qu’aujourd’hui, ce soit encore un Bamiléké, Maurice Kamto, qui organise les choses pour mettre le Cameroun à feu et à sang. Je suis là pour dire aux Bamiléké d'arrêter de jouer contre le Cameroun, de comprendre qu'ils ne valent rien, le peuple qui est important c'est les nordistes parce qu'ils sont les plus nombreux. Que les Bamilékés arrêtent de croire qu'ils sont aussi importants. Ce n'est pas parce qu'ils se retrouvent dans une cuvette à l'ouest, serrés les uns contre les autres parce qu'il n'y a pas assez de terre, qu'ils vont croire qu'ils sont nombreux. Ils m'appellent traitre parce que je dis la vérité. Owona Nguini parle des ethnofascites c'est ce que Kamto et les Bamilékés sont »
Osés n’est-ce pas ? A ce stade, permettez-nous de réitérer que, vrais ou faux, pertinents ou pas, là n’est pas notre préoccupation ; nous ne venons pas nous immiscer dans une querelle de famille.
Il ne nous reste plus qu’à souhaiter à celui qu’on nomme affectueusement en anglais « John of God Mobile Money » bon vent dans ses nouvelles fonctions. Puisse-t-il garder à l’esprit que chacun de ses faits et gestes sera scruté et qu’il sera certainement jugé plus que tout autre ministre, à l’aune de ses résultats.