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Les Histoires de Ferdin: Etoudi 2018 : Des faits et des gestes

mardi, 23 octobre 2018 11:51 Ferdin

Ci-dessous, un ensemble de faits, qui tout au long de ce cycle électoral auront emmuré mon attention et lesquels j’espère, agripperont la vôtre. Evocation.

Ça y est donc, l’élection présidentielle au Cameroun est terminée, les urnes, ce 23 octobre 2018 ont livré leur secret ultime. Paul Biya, président sortant reprend son poste de pilotage pour un nouveau mandat de sept ans avec un score vertigineux de 71,28%. Il est suivi de loin, de très loin par Maurice Kamto 14,23%, Cabral Libii 6,28%, Joshua Oshi 3,36%... lors de la cérémonie de proclamation des résultats, un seul candidat présent : Ndiffor Franklin Afanwi. Les autres, abonnés absents. Absences remarquées aussi, celle de deux ambassadeurs de pays nous dit-on souvent amis. Qu’a-t-il bien pu leur arriver ? Le Ndole de la veille peut-être ? On est à l’abri de rien…

Il était 15h15 très exactement, lorsque Clément Atangana, président du Conseil Constitutionnel, déclare close l’élection présidentielle au Cameroun. Des youyous dans la salle et dans les quartiers aussi. À Yaoundé, pas grand monde dans les rues, normal, certains ont fait planer plutôt, le spectre d’une marche insurrectionnelle. A propos de cette dernière, le 22 octobre 2018 déjà, et très tôt le matin du vingt-trois, fusaient de toutes parts, des annonces de différentes associations, aussi excentriques les unes que les autres, appelant les futurs marcheurs à s’acquitter d’un certain nombre de « formalités ». Celle des « apacheurs », entendez voleurs à la tire, exhortait les candidats au suicide à prendre soin de déverrouiller leurs téléphones parce que disaient-ils, les faire déverrouiller par des techniciens leur coute assez cher, toute chose qui réduit considérablement leur marge bénéficiaire.  A la suite des « apacheurs », une fois n’est pas coutume, c’est le représentant de ceux qui ne lisent que les commentaires sur Facebook qui fait une sortie. Dans cette dernière, il a dans un premier temps, rassurer les marcheurs que lui et ses membres avaient suffisamment de « RIP » en stock et donc qu’ils n’avaient pas à s’inquiéter de ce côté-là, quel que soit leur nombre chacun en aura un. Et pour que ces « RIP » ne soient pas partagés au hasard, il les priait de prendre soin d’avoir sur eux, leurs cartes nationales d’identité, naturellement pour faciliter leur identification à la morgue. C’est par ce dernier point que débute le communiqué du représentant des membres des familles. La raison étant la même : faciliter leur identification. Avant de descendre dans la rue, chaque marcheur était aussi prié, pour ne pas mettre sa famille en difficulté, de s’acquitter de ses frais de morgue, de cercueil, de tenue vestimentaire, de bière, de pain-sardine-saucisson-beure, de café, d’arachides, de location de chaises et tentes, de location de véhicule pour le transport etc. A la poste centrale, lieu du rassemblement prévu le jour dit, depuis mon poste d’observation, aucun mouvement de foule : c’est le calme plat. Peut-être n’ont-ils pas eu le temps de s’acquitter des formalités exigées me dis-je.

D’autres parts, des réactions sont enregistrées. Elles émanent des représentants de certains candidats et des candidats eux-mêmes. Sur place au palais des congrès, au micro de la CRTV, Jean Nkuete, Secrétaire Général du RDPC, Parti de Paul Biya est satisfait. Le Professeur Nkou Mvondo, représentant du Candidat Cabral Libii, certainement le meilleur perdant de cette élection, brille par son discours empreint d’une hauteur certaine. Il félicite entre autres le président élu pour sa victoire. Pour les autres, silence radio. Il faudra se rendre sur les réseaux sociaux, notamment Facebook, pour tomber sur une interview d’un candidat qui lui a la défaite amer et à ce qu’il m’a semblé, la rancune tenace. Il persiste et signe dans son attitude « jeanpingienne » : il a marqué le pénalty. Il oublie que nous sommes à l’ère de l’arbitrage vidéo et qu’en plus, avec la mollesse de son coup de pied, le ballon n’avait aucune chance d’arriver au but. Il brandit ses résultats, sortis on ne sait d’où, ces ceux-là, adossés sur rien de concret, de palpable qui doivent faire foi, en aucun cas ceux des autres qui ont leur pièces justificatives. Me semble-t-il, par ce comportement, il veut occuper l’espace politique raison pour laquelle il se pose ainsi en victime, celui dont on a volé la victoire et ce pour apparaitre comme « le messie », « le sauveur » persécuté lorsqu’éventuellement les foudres s’abattrons sur lui. Nous restons attentifs aux éventuelles suites qui seront données à sa contestation qui ne finit pas. De mon point de vue, Il n’est pas exclu qu’il écope d’un carton rouge bien saignant.

[Petite précision : s’il avait été élu, bien qu’ayant une admiration relative pour le personnage et n’ayant pas voté pour lui, je serais en train de le défendre bec et ongle, quoi qu’il m’en coûte, comme je l’ai toujours fait avec celui qui nous dirige et dont je n’ai jamais bénéficié des largesses.]

Pendant ce temps dans les quartiers, les débats restent passionnés, certains ne se saluent pas toujours. Sur les réseaux sociaux, les blocages persistent, les secrets jalousement gardés entre amis sont dévoilés. En l’occurrence et pour le déplorer, une femme apprend du désormais ex-ami de son mari que ce dernier a un enfant « dehors », enfants dont il est le parrain. Tout à côté, sur d’autres pages, des partisans de certains perdants pleurent à chaude larmes. D’autres continuent à tirer à boulets rouges sur un concurrent, interprétant chacun de ses faits et chacune de ses paroles comme la preuve d’une connivence certaine avec le parti au pouvoir. A n’en point douter, ces derniers vont sérieusement s’ennuyer après cette élection.

Mon souhait, vivement que tout ceci soit digéré au plus vite pour un retour à la normale, il y’a tant à faire. Une exhortation, mettons nous, chacun à son niveau, résolument au travail car si nous ne le faisons pas, ni Paul Biya, ni personne d’autre ne pourra changer quoi que ce soit. Au président réélu, j’adresse mes sincères félicitations. Je lui dis, même s’il le sait déjà que le quotidien de nombreux camerounais est difficile. J’ai la conviction qu’il n’a pas toujours eu à opérer entre des bons et des mauvais choix et il a volontairement choisi les mauvais. Pour être plus simple encore, je doute qu’il ait eu par exemple, la possibilité d’offrir des emplois à tous et ne pas le faire et il a choisi volontairement ne pas le faire. Je déplore, même si cela est signe de grandeur, qu’il ne prenne pas souvent le peuple à témoin en lui exposant certaines contraintes auxquelles il fait face dans l’exercice de la mission qui lui est confiée. Je le supplie, d’être plus que par le passé FERME. De mettre hors d’état de nuire, tous ceux-là, dont les agissements malsains plombent les efforts de la nation entière, je les nomme par ailleurs les rapaces.

Pour finir. Sacrés Camerounais ! Allez les voir sur Twitter prendre à partie un quidam qui a eu le toupet de s’en prendre à notre « Ndole » national. Là, plus question de « Tontinards » et de « Sardinards », plus question de gigantesques travailleurs d’un côté et de paresseux profiteurs de l’autre. En camerounais, ils défendent leur fierté qui a été foulée au pied. Ah ! Ces frères qui s’aiment mais qui aiment tant jouer à se détester.

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