Les jours se suivent et les yeux s’ouvrent. De sous le masque de la vertu dont ils s’étaient revêtus, commence à transparaitre les visages hideux de certains de ceux qui il y’a peu, sollicitaient nos suffrages pour diriger ce pays. Et leur dernier discours dit de la résistance n’est pas pour arranger les choses. Jonché d’incitations subliminales à la révolte et l’insurrection, il tend à nous conforter dans notre posture défiante vis-à-vis d’eux. Il ne s’agit pas ici de commenter ce dernier mais de relater une histoire, la mienne, vécue ce vendredi 02 octobre 2018 dans un taxi qui me conduisait à un hôpital de Yaoundé. Cette histoire se termine par un conseil à l’endroit d’une personne mise dans une situation inconfortable.
A quoi avons-nous échappé ? Telle fut la question d’un jeune homme dans ledit taxi, lorsque notre chauffeur évoquait pour le déplorer, l’annulation des concerts de certains artistes en Europe du fait d’une « certaine diaspora » et le silence quasi approbateur de celui qu’il a nommé « leur messie ». « Au pire, nous avons échappé au pire jeune homme » lui répond spontanément la dame assise à ma droite. J’ai mal à la tête, je n’ai vraiment pas envie de me mêler de ça et qui plus est, dans les transports en commune je répugne aborder des sujets délicats mais c’est plus fort que moi. Je demande alors à la dame : Pourquoi dites-vous que nous avons échappé au pire ? Je dus soutenir son regard quelques secondes avant de l’entendre dire : Comment pouvez-vous me poser pareille question ? visiblement énervée, elle renchérissait : Vous ne voyez pas ce qu’ils font ? Si vous n’êtes pas avec eux, vous êtes contre eux. Et c’est avec ça qu’ils veulent diriger ce pays ? Je vous le dis, nous avons échappé à la dictature, à la république des règlements de compte… et vous semblez cautionner ça. Tout le monde est obligé de supporter leur « Kamto-là » ? Ils vont voir. Voilà déjà l’avocate-là et d’autres personnes à qui on a porté plainte : ils vont tous aller en prison. Avec entrain, elle continuait : Jusqu’à mardi dernier ai-je appris, plus de 516 demandes de visas déposés à l’ambassade de France pour exil politique. Les voilà qui cherchent à fuir…
Ça faisait beaucoup pour moi. Ces informations je ne les avais pas. Compte tenu de la précarité de mon état de santé, j’avais presque tout éteint. Je m’excuse donc auprès de la dame et me connecte un moment pour en savoir un peu plus. C’est sur la page Twitter de la concernée que je tombe effectivement sur une photo d’une citation à prévenu à elle adressée. Son commentaire de cette photo m’apprend effectivement qu’ils sont ainsi, plus d’une quarantaine à être poursuivis. Eh bien, les choses sérieuses commencent me dis-je intérieurement. Sur les demandes de visa des partisans du MRC, les informations reçues demeurent fragmentaires et relativement fragiles et objectivement, je ne saurais affirmer ni infirmer quoi que ce soit à ce propos.
Pour faire court, à propos de Me Ndoki, il faut dire qu’elle risque gros dans cette affaire. En effet, en cas de convocation du barreau à prendre une résolution, elle risque perdre sa toge. Je les entends déjà, les cris d’orfraie, dénonçant des sanctions partisanes, injustes etc. au cas où elle venait à être condamnée. De toute façon, elle est une femme de loi, j’espère vivement qu’elle a su jusqu’où ne pas aller trop loin. Selon la dame du taxi, nous avons échappé au pire en n’accordant pas nos suffrages au candidat du MRC. Elle est libre de ses opinions que je partage dans une certaine mesure. Ceci étant, mon souhait pour Me Ndoki est qu’elle puisse échapper au pire qui la guette. Elle pourra le faire, en sachant quand il le faudra, faire amende honorable. La bravade la perdra ou du moins la nuira considérablement.