Apres avoir détruit économiquement, socialement et moralement notre nation, le long ajustement structurel que nous avons connu (plus de trente ans!) a laisse les individus sans protection et sans perspective: l'Etat ne les protégeait plus, le marche les exploitait.
Il ne leur restait plus comme recours et refuge que trois choses: les églises, la corruption, et la tribu. Le pays a survécu a la force corrosive des deux premiers élements. Il s'agit de savoir s'il survivra a la brusque irruption du repli identitaire. Rien ne sert d'accabler 36 ans de règne Rdpc ou Biya, de dénoncer telle groupe ethnique ou telle autre. Partout a travers le monde ou l'austérité économique néoliberale du Fmi est passée, la conscience nationale a recule, les luttes sociales ont disparu et les individus se sont affrontes sur des bases commuautaires, religieuses, raciales, ethniques ou sexuelles, les séparatismes ont surgi en même temps que des aventuriers grossiers a la culture politique sommaire, a l'instar de Nganang Patrice. C'est a cette fragmentation idéologique que fait face la bourgeoisie nationale néocoloniale camerounaise. Celle-ci est en crise, aux prises avec de jeunes délinquants néolibéraux qui, organises en factions violentes soit ethniques mais surtout transéthniques déterminées par le lucre, menacent de mettre brutalement la main sur le pouvoir d'Etat.
Comment sortir de l'impasse?
Il faut: maintenir le cap de la politique d'industrialisation engagée par l'Etat depuis 10 ans, car seule la production industrielle et égalitaire de la richesse fera taire les passions ethnique et relancera les luttes autour des questions nationales et sociales; maintenir et amplifier la diversification des partenaires économiques en faveur des grands Etats du Sud: la Chine notamment, la Russie, l'Inde, la Corée, la Turquie; s'insérer complètement dans l'initiative globale promue par la Chine, ''La Ceinture, La Route''; poursuivre méthodiquement sur la voie de l'indépendance monétaire par une sortie concertée du Cfa au niveau de la Cemac; maintenir et même amplifier la politique de l'équilibre régional, ce qui suppose de résister au chantage a la ''méritocratie'' (les excellents d'aujourd'hui étant les médiocres d'hier a qui l'Etat a tenu la main) et parachever l'intégration jusqu'ici marginale de régions entières (Extreme-nord, Est, pays bassa) dans le projet national; pousser vers davantage d'intégration panafricaine; approfondir la professionalisation de l'armée afin de la rendre plus apte a répondre aux guerres hybrides imposées a la nation; construire et financer par l'Etat des instituts de recherche qui fassent fusionner production des connaissances, sécurité nationale et diplomatie; enfin, accélère le processus de décentralisation régionale tout en maintenant les bases d'un Etat central fort et puissant, a l'instar de ce que réalise la Chine avec sa forme directe et consensuelle de démocratie, ce qui requiert ultimement de limiter les processus concurrentiels ou électifs (ils équivalent à une guerre civile larvée qui fragilise les équilibres sociaux) dans le fonctionnement de certaines structures.
Dr. Leon-Marie Nkolo Ndjodo
Jinhua
Chine