A la suite de la note de l’ambassade du Cameroun en France annonçant l’ouverture d’un bureau dont la mission est d’accompagner les membres de la diaspora voulant investir au pays, l’expert en question d’économie vient de réagir sur sa tribune. Il affirme que le projet est certes louable, mais la diaspora camerounaise est plutôt la plus agitée sur le plan politique.
Pour Dieudonné Essomba, le projet d’ouverture d’un bureau en France pour accompagner les membres de la diaspora désireux d’investir au Cameroun est incontestablement d’une bonne intention, car la mobilisation des camerounais de la diaspora nationale est un facteur décisif pour le développement dans les économies modernes. « Leur rôle est multiforme : stabilisation macroéconomique à travers les transferts nets des dévises, transfert des compétences, extension internationale de l’économie nationale, etc. Certains pays sont aujourd’hui incapables de vivre sans leur diaspora. Aux Comores, les transferts de la diaspora représentent 80% de toutes les ressources extérieures ! Elle représente un point central dans le développement des pays comme le Sénégal et le Mali et elle a joué un rôle décisif dans le décollage du Maroc », reconnait-il.
L’économiste camerounais pense que l’apport de la diaspora camerounaise sur les recettes extérieures du pays reste très faible. « Au Cameroun le rôle de la diaspora a été reconnu dans la Vision du Cameroun Emergent en 2035, mais son impact reste encore très marginal puisqu’elle ne prévoit guère 3% des recettes extérieures. C’est l’une des diasporas les moins dynamiques sur le plan économique même si elle se signale comme la plus agitée sur le plan politique », note Dieudonné Essomba.
L’expert en question d’économie trouve que l’objectif de drainer les ressources de la diaspora à travers des projets réalisés dans le pays est louable. Toutefois, il estime que le projet est abordé de manière essentiellement bureaucratique. Pour qu’un tel projet réussisse, il est nécessaire de procéder à une analyse soignée de la sociologie des acteurs de leurs motivations et des déterminants de leurs comportements. Et aucun projet ne peut marcher quand il ne répond pas aux comportements effectifs des acteurs.
« La bonne organisation consiste à avoir un Consulat général du Cameroun avec des sections spécialisées, chacune pour chaque segment communautaire. Chaque section encadre sa diaspora, les mobilise, les pousse à investir, à chercher des partenaires et des financements ! », conseille Dieudonné Essomba. L’Etat central n’intervient que pour encadrer, arbitrer, orienter, ajoute l’économiste.
« En définitive, on ne peut obtenir un résultat probant dans la diaspora camerounaise en ignorant la réalité sociologique du Cameroun, et en s’arc-boutant sur des considérations spéculatives d’unité nationale qui en l’occurrence sont faiblement opératoire », conclut Dieudonné Essomba.
Innocent D H