Le Président du Mouvement pour l'Emancipation et l'Intégration Monétaire de l'Afrique (MEIMA), le Dr Olivier Bilé, au milieu du concert d’indignation sur la métamorphose annoncée du FCFA et de la servitude monétaire de l’Afrique, dénonce la manœuvre sournoise de Macron qui choisit Ouattara pour renouveler les accords de servitude en s’appuyant sur un nouvel instrument qu’est le FCFA. Nous relayons ici les réflexions du spécialiste sur les dangers de cette mutation annoncée.
Au moment où les accords coloniaux encadrant ce subtil esclavage contemporain arrivent à expiration, M. Macron et Ouattara, en catimini, se retrouvent à Abidjan pour annoncer la mutation du FCFA en ÉCO. Cette manœuvre entreprise par les tenants actuels de la françafrique, dont l'intention secrète est de perpétuer la prédation et l'oppression exercées sur nos États nous inspire les réflexions ci-après :
- L'annonce de la mutation est entreprise par Macron et Ouattara, en l'absence des autres chefs d'État de l'UEMOA. Bien étrange pour une réforme dite historique.
- La convention monétaire liant la France à L'UEMOA demeure. La réforme ne postule pas le démantèlement des accords néocoloniaux mais simplement, une réforme de surface éliminant les clauses les plus scandaleuses. Notamment celle des contraintes du dépôt de 50% des réserves de change dans un compte d'opérations auprès du trésor français. Ou encore celle de la présence d'officiels français au sein du conseil d'administration de le BCEAO, de la BEAC et de la BCC.
- La clause de fixité de la parité entre EURO et ÉCO demeure. Celle de la prétendue garantie de convertibilité, véritable postulat vide, demeure également. Toutes choses qui perpétuent le principe selon lequel l'ECO va rester un sous multiple de L'EURO-FRANC. Cela n'aura d'effet que celui de perpétuer le contrôle de cette nouvelle dénomination monétaire par la métropole française.
- Ce contrôle est le problème fondamental. La question des réserves de change n'étant que secondaire. Les mécanismes restants, qui continueront à gouverner les accords de coopération monétaire, impacteront toujours négativement l'élément fondamental qui est celui de la détermination de la masse monétaire, et en conséquence, celle du niveau d'emploi en zone ÉCO ou Franc. Là, se situe le nœud du problème.
- La zone CEMAC est tenue à l'écart de ces annonces. Il y a mépris pour ses dirigeants ainsi que les autres parties prenantes d'Afrique de l'Ouest considérées comme incultes en matière de sciences économiques. Ces derniers n'auront d'autre choix que d'obtempérer et de s'arrimer à cette réforme qui, à mon sens, n'est que supercherie et entourloupe. Sinon pourquoi tous ces mystères et ces décisions à géométrie variable ?
- Les États anglophones de la CEDEAO ne sont manifestement pas partant pour l'Eco. Ce qui signifie que l'opération de charme de Macron vers Akoufo Ado du Ghana n'a point prospéré. L'élargissement de l'influence géopolitique française en Afrique par l'instrument monétaire n'aura pas lieu. Les anglophones eux ne sont pas des marionnettes.
- Visiblement, Ouattara a cessé de proclamer que le F CFA est la meilleure chose qui soit arrivée aux Africains. Bientôt, il nous dira que c'est l'ECO. Et puis quoi ensuite. Il aura suffi que Macron arrive à Abidjan et décide sans que quiconque ne puisse broncher de ce côté. On peut imaginer ce que ce sera chez nos non-initiés à l'économie de la CEMAC ...
- Enfin, ce n'est pas d'une réformette superficielle dont il est question aujourd'hui en 2020, 75 ans après l'avènement du Franc des colonies Françaises d'Afrique (Fr CFA), où cet accord colonial est arrivé à expiration et que la se meut à reformuler afin de perpétuer son entreprise coloniale en Afrique. Il s'agit, pour nos États, de l'accès à une autodétermination pleine et entière sur le plan monétaire, condition sine qua non de leur véritable Emancipation économique, sociale et politique.
Réflexions d’Olivier BILE, Ph-D
Transcrites par Stéphane Nzesseu