L’Ecrivain et enseignant d'histoire des civilisations à travers sa plume parfois caustique estime que la démission de l’ex Secrétaire national aux Droits de l’homme du Mrc n’est pas une surprise.
« Célestin Djamen a claqué la porte. Cette issue, à dire vrai, ne surprend personne ; ni ne devrait d'ailleurs étonner. Spéculer sur ses raisons ? Elles sont politiques et l'étaient déjà quand il intégra cette mouvance, venu d'ailleurs. Ne se retrouvant pas dans ses comptes, il se libère pour tenter l'aventure ailleurs et autrement.
La politique, depuis qu'elle se fait chez-nous, a de tels positionnements. Hier, on fut ici. On dit ceci. Demain, on sera là-bas. On dira cela. Les leaders du camp que quitte ce personnage ont été en face. Ils n'y disaient pas ce qu'ils disent aujourd'hui. Ils ne sont pas les premiers dans ces volte-faces. Ils ne seront pas les derniers.
Honnêtes ? Malhonnêtes ? Que veulent dire ces mots en politique où ce qui compte est d'être efficace ? Les sentiments, ici, sont des abstractions qui vous égarent dans l'illusoire. La réalité est celle de camps, d'objectifs, de méthodes et de résultats. Parce que, in fine, le Peuple ne demande que ça : des résultats.
Les résultats convoités sont d'abord affaire de personnes. La mauvaise personne au mauvais endroit plombe le résultat. Déjà parce que c'est affaire de camps. Vous rappelez-vous, en 1990, de ce Cameroun-Argentine ? Deux camps : un joueur extraordinaire ici : Maradona. D'autres tout à fait moyens là. Qui gagna au final ?
Pourquoi ? Tout le jeu s'était focalisé sur cet extraordinaire champion. Il devint la mauvaise personne au mauvais endroit. Les résultats peuvent aussi être question de stratégie. Il faut réorganiser les éléments sur l'échiquier pour leur permettre de donner la pleine mesure de leur potentiel. On ne gagne pas autrement.
Les matches connaissent le terme coaching. Il est dit gagnant lorsque les éléments sont bien reconfigurés. Ça se mesure objectivement. Ou alors, c'est le passage à vide : l'effet désert. On prend des buts. On subit le jeu. On procède par contre-attaques. On fait beaucoup de fautes. Le résultat ne suit pas.
Mais l'effet désert est fondamentalement lié au paysage. Il s'agit d'une donnée objective : le relief. Vous pouvez changer un acteur politique mais pas un relief politique. Le désert impose sa logique. Sans eau, on meurt. On vit ici sur des réserves. Ceux qui en ont gesticulent. Les autres se taisent. C'est la loi du désert.
La caravane échouée au Sahara ne manquera pas de se quereller pour l'accès à l'eau. Faire autrement serait suicidaire. On se trouve là-bas en mode survie. Les anciens slogans perdent toute substance. Qui, au désert, se battra pour un Plan National de Résistance au hold-up ? On enterre vite survival initiative. Un perd-temps...
Dans les discours officiels : Président Élu tend à s'effacer. (Ça fait ridicule). On demande la libération des détenus. (Le ménagement des réserves, toujours). On lance des assauts vains et désespérés ; question de ne pas se faire oublier. Mais ils ne font plus foule. La lassitude se ressent. C'est ça l'effet désert...
Je l'avais vu venir depuis longtemps. Mais je crois que les naufragés du Sahara ne voulaient pas y croire en s'y engageant. Ça va être long. Terriblement long. Ça sera dur. Très dur. Il est alors raisonnable de quitter les choses dès à présent. Elles vous quitteront bien assez tôt lorsque vous errez au désert.
Il y en là là-bas qui hésitent et tergiversent...
Le désert possède ses lois. Elles sont, j'en ai peur, des plus impitoyables... Je vous avais prédit que ça arriverait » !
N.R.M