Le journaliste, qui se présente à l’entame de sa missive comme un « Digne fils du Septentrion », rappelle entre autres, au membre du Gouvernement que : « Les seules motions qui intéressent aujourd’hui les populations touchent à l’eau, à l’électricité, aux routes, aux nominations des Nordistes dans la haute administration, au respect des quotas dans les concours...
« Monsieur le ministre, dans une précédente lettre, je vous ai souhaité un bon séjour dans le Grand-Nord. Je constate qu’il se passe très bien. Les Nordistes sont des camerounais épris de paix. Partout où vous passez, vous êtes accueilli, comme il se doit. Vous êtes ministre de l’Administration territoriale et les populations vous doivent cette marque de respect.
Mais détrompez-vous Monsieur le ministre, le temps où on réunissait quelques personnes pour signer des motions en faveur de ça ou de ceci et qu’on brandissait dans les journaux télévisés où à la Une des journaux pour manipuler les populations est révolu. Vous en faites l’amère expérience.
Les seules motions qui intéressent aujourd’hui les populations touchent à l’eau, à l’électricité, aux routes, aux nominations des Nordistes dans la haute administration, au respect des quotas dans les concours...
Nous avons désormais les yeux qui brillent, comme des moutons dans la nuit. Retenez qu’à chaque fois que vous viendrez nous voir dans ce folklore, nous prendrons toujours vos cadeaux sans aucune gêne. Mes amis moto taximan vont encaisser leur part, Dieu soit loué; les chefs traditionnels vont prendre leurs enveloppes; les jeunes que vous pensez manipuler vont toujours prendre ce que vous leur donnerez.
C’est aussi ça, l’hospitalité. Vous demanderez à certains de signer des motions, ils les signeront, mais méfiez-vous des Nordistes Monsieur le ministre, méfiez-vous ! Ils ne sont plus ce qu’ils étaient hier. Si vous persistez dans de vieilles méthodes, vous serez surpris Monsieur le ministre ! Le Septentrion d’hier n’est plus celui de ce matin et manifestement, vous ne le connaissez pas !
Ressaisissez-vous, la question du Mouvement 10 millions de Nordistes n’est pas celle du maintien de l’ordre, ni une question d’être pour ou contre le Chef de l’Etat comme vous vous évertuez à insinuer.
Il s’agit d’une prise de conscience profonde qui a pénétré toutes les couches de la population. Retenez bien Monsieur le ministre, je parle bien de toutes les couches de la population, Toutes.
Monsieur le ministre, vous n’avez pas à sortir les muscles quand vous êtes chez nous, dans le Septentrion. Il n’y aura pas de désordre chez nous, nous sommes bien malins pour ne pas tomber dans le piège du désordre.
Monsieur le ministre, vous avez interdit le Mouvement 10 millions de Nordistes, et c’est encore vous qui laissez des banderoles sur le Mouvement 10 millions de Nordistes être affichées sur votre parcours.
C’est encore vous qui organisez de nombreuses rencontres sur le Mouvement 10 millions de Nordistes. C’est encore vous qui suscitez dans les médias des reportages sur le rejet du Mouvement 10 millions de Nordistes.
Monsieur le ministre, je dois dire que vous ne connaissez pas les Nordistes, vous méprisez leur dignité et leur honneur par vos agissements. Ils vous regardent et rient. Ils vous regardent et se moquent même de vous. Ils vous regardent et comprennent pourquoi leur problème persiste.
Monsieur le ministre, votre désarroi est perceptible et tous les Nordistes rient. Pour les travaux du pont Palar à Maroua qui ont attendu des mois pour être lancés, deux ministres sont venus à Maroua. Un pont attendu depuis des lustres, un simple pont. Un petit pont !
Qu’en sera-t-il pour la voirie urbaine de Maroua délaissée dans la poussière depuis 10 ans ? Pour la digue route promise par le Chef de l’Etat et qui n’est toujours pas sortie de terre ? Pour la barrage de Bini Warak ou le barrage de Lagdo encore dans les tiroirs de la République ? …
Le Mouvement 10 millions de Nordistes est dans les cœurs et dans les consciences. Vous ne m’en voudrez pas de prononcer ce nom, puisque vous-même, depuis votre arrivée dans le Grand-Nord, ne cessez de le faire matin, midi et soir.
Bon séjour parmi nous Monsieur le ministre ».
N.R.M.