L’école vient à peine de commencer que déjà certains enseignants et autres marchands accrédités au sein des établissements scolaires se permettent d’exiger un argent supplémentaire pour des photocopies, des brochures etc.
Va t-on s’en sortir ? C’est la question qui taraude les esprits de la quasi majorité des parents d’élèves, soucieux du devenir de leurs progénitures. Ils n’ont pas encore fini avec les frais d’inscription, le paiement de la première tranche, l’achat des tenues scolaires ( dont le marché est parfois confié à un proche de tel ou tel autre), des fournitures scolaires que d’aucuns leur imposent ces autres dépenses.
“Papa, l’enseignant a dit que tu envoies 475 pour les photocopies parce qu’il ne veut plus écrire au tableau…”.
“Maman, il y a un monsieur qui est venu dans notre classe pour nous vendre les fascicules et il a pris nos noms en disant que tu envoies 500 frs, le maître a même dit que c’est avec ça qu’il travaille parce que les livres là ne contiennent rien de bon…”.
“Maman, l’enseignant nous a donné les devoirs et on doit aller au cyber pour faire des recherches et cela va compter pour les notes. Je suis dans le même groupe que mes camarades et nous avons prévu d’aller travailler tel jour et il faut mille francs…”.
“Papa, maman, le directeur (la directrice) a dit qu’on va organiser les cours de répétition à l’école et il faut que tu donnes 5000 chaque mois parce qu’elle va faire les photocopies et nous donner les exercices…”.
“ Papa, maman, la maîtresse a dit que le goûter là n’est pas bon, il faut me faire les frites avec le poulet ou les œufs et vous mettez le jus, pas l’eau parce que le pain simplement chargé bloque ma croissance et ne me permet pas d’être intelligent, elle a pris le goûter de tel pour nous dire que c’est comme ça qu’il faut faire…”.
Une liste qui est loin d’être exhaustive mais qui présente assez le calvaire auquel sont soumis les parents qui s’acquittent de leur devoir régalien, celui d’assurer l’instruction de leurs enfants afin de faire d’eux, des personnes responsables, aptes à participer à la construction de leur pays.
Ces parents, au-delà des frais d’inscription et de l’Apee qu’ils payent en fonction des taux fixés par les chefs d’établissements, au-delà des livres homologués qu’ils achètent, ajoutent l’argent pour les cours d’informatique (qui figurent sur la fiche de renseignement remise à l’école même si la salle d’informatiques dans certains cas reste un éternel projet), les rames de papier …
Mais jusqu’à quand ?
Lorsque certains parents osent se plaindre à cause de ces dépenses supplémentaires qui leur sont imposées, on leur rétorque, après avoir pris soin de “ficher” négativement leurs enfants que l’instruction coûte chère, et que seule, la progéniture de ceux qui sont nantis peuvent en bénéficier;
On vous fait des leçons de morale en vous rappelant que “ce n’est pas vous qui payez les enseignants, que cet argent participe à l’instruction des votre enfant et qu’en fait, on vous fait une faveur”.
Des conséquences insoupçonnables
Simplement parce que les enseignants vont se faire le devoir de présenter votre enfant à tous leurs collègues qui vont lui rappeler à l’occasion que “ses parents viennent marchander et se faire voir pour quelques miettes”;
Lorsqu’il lève le doigt en classe, c’est à peine si on lui donne la parole et malheur à lui si la réponse n’est pas juste. A la maison, son comportement change et lui qui était tout content de partir à l’école les premiers jours vous fait savoir qu’il ne veut plus y retourner…
Si pour certains, “l’arbre broute où il est attaché”, si d’aucuns estiment que c’est auprès des parents qu’ils peuvent “bénéficier des avantages liés à leur profession”, il est temps de changer la donne, il est temps de revoir ces façons de faire parce que justement, le parent n’a aucun arbre où il lui est possible de cueillir l’argent à volonté.
Lorsqu’on choisit d’exercer un métier, il faut s’assurer qu’on ne va pas devenir une “charge” pour les autres parce que les parents ne sont pas des vaches à lait qu’il faut traire au besoin.
En envoyant leurs enfants à l’école, en s’acquittant des frais de scolarité, en payant malgré eux les frais d’Apee, de même que la pension exigée, en achetant les livres inscrits sur les listes qui leurs sont remises à l’école, ils s’acquittent de leur devoir. Le reste n’est qu’arnaque.
Nicole Ricci Minyem