Le journaliste émérite et patron de la station de télévision Humanitarian TV donne son appréciation des années passées au pouvoir par Paul BIYA. Pour lui, c’est un échec sur toute la ligne.
Le journaliste ouvre son propos en faisant remarquer que les hommes d’Etat sont ceux qui prennent des engagements pour le développement de leur nation. Il prend les exemples de Napoléon, des chefs d’Etat de la 5e République Française : Charles De Gaulle, François Mitterand, Georges Pompidou. Des personnalités qui ont eu des visions, parfois folles, mais qui ont laissé des traces dans l’histoire de leur pays et ce pour la postérité.
Pareil pour le Président Rwandais, Paul KAGAME qui en 20 ans est sur le point dé réussir, d’accomplir son rêve qui était de voir son pays devenir le Singapour de l’Afrique. Il est parvenu à transformer une terre vide et inhospitalière en une destination prisée par les plus grands investisseurs du monde. Un véritable pôle économique mondial.
« Et le Cameroun alors ? Il n’est pas encore un enfer, mais il n’est plus le paradis qu’il fut non plus. Et pourquoi alors ? Parce que son président ne rêve pas pour la République, il rêve pour lui. En voici un exemple: Paul Biya rend visite à son homologue français de l’époque, François Hollande. Répondant à une question de journaliste sur le perron du palais de l’Elysée le 2 juillet 2015, il dit: « Ne dure pas au pouvoir qui veut, mais qui peut ».
Ainsi donc, en accédant au pouvoir en 1982, Paul Biya avait pris une option: rester au pouvoir, jouir des honneurs du pouvoir et de ses avantages, le plus longtemps possible. C’est un engagement personnel, et pour lui seul, que le locataire du palais de l’Unité est en passe de réussir.
Chaque engagement que l’on prend, quelqu'en soit le domaine et la nature, on se donne les moyens de l’atteindre et de concrétiser son vœu. Ainsi, pour rester très longtemps à la tête d’un pays, il y a des comportements qu’il faut adopter et les faire appliquer : on peut choisir de contenter son peuple en le rendant heureux, en transformant son pays en paradis. On peut choisir de faire l’inverse. Dans cette deuxième option, alors on fait ce que Paul Biya fait :
réduire l’influence des médias, confectionner les institutions à ses mesures, mettre l’armée et la justice aux ordres, faire baisser le niveau de l’éducation, supprimer l’instruction civique, réduire le pouvoir d’achat de certaines catégories de fonctionnaires, faire prospérer la corruption et la dépravation des mœurs, entretenir des antagonismes, diviser les ethnies et l’opposition politique. Quand on a mis ce vaste chantier en place, - et cela pourrait prendre plusieurs décennies-, on pourrait alors durer au pouvoir jusqu’à ce que mort naturelle advienne.
Il est impossible de travailler à construire un pays viable et respecté, réfléchir en même temps à mettre en place des mécanismes devant faire durer quelqu’un au pouvoir. Paul Biya a fait le second choix. »
Pour Xavier Messe, « nous aurions aimé que, le 6 novembre de chaque année, date commémorative de son arrivée à la tête de l’Etat, les Camerounais soient conviés à inaugurer un grand complexe industriel, une infrastructure routière, ou une belle invention économico-scientifique qui magnifierait la grandeur du pays. Les Camerounais sont malheureusement réduits à célébrer une date comme si la longévité au pouvoir était un programme ambitieux dont on devrait s’en réjouir, pendant que dans d’autres pays, les populations sont fières des programmes osés de leurs dirigeants, et des grandioses réalisations effectuées, le 6 Novembre pour nous demeure une fête, celle de la longévité au trône. »
Stéphane NZESSEU