Une décision qui a jeté une chape noire dans le pays. Que l’on soit d’un bord politique à un autre, le sentiment d’avoir été humilié est général et partagé.
Cabral Libî Li Ngué Ngué : Les camerounais ont refusé en 2018 de se rendre dans les bureaux de vote pour que les choses changent dans ce pays. Les conséquences sont malheureusement là. Une humiliation mondiale pour le Cameroun de Albert Roger Milla et tous les autres grands footballeurs :
« Quelle déception ! Quelle contrition ! Une annonce qui sonne comme une douche froide au moment où le peuple camerounais se mobilisait pour montrer au monde entier ses talents, ses acquis socioculturels, son hospitalité légendaire.
Il ressort qu’à l’exception de la minorité des compatriotes excédés sans doute par la récupération politique du gouvernement, qui a milité davantage elle aussi pour des raisons politiques afin que l’organisation de la Can soit retirée au Cameroun, le peuple dans sa majorité est outré ce Soir.
Déçu de l'incompétence de ceux qui nous dirigent. Ceux-ci sont incapables d’organiser plus de quarante années après, une compétition de football. Oui, les institutions chargées de la préparation de la Can ont brillé par une incompétence inégalable. Finalement, ceux qui exercent le pouvoir ne sont compétents qu’en matière de fraude électorale. La forfaiture du 7 octobre 2018 l’atteste sans conteste.
Chers compatriotes, je vous appelle à être forts dans l'épreuve, l'heure n'est pas à se morfondre de douleur mais nous devons tirer les conséquences d'une telle humiliation.
Cette situation a l'avantage de nous rappeler notre responsabilité dans le choix de ceux qui vous dirigent.
A ceux qui ont décidé de ne pas participer au processus électoral en 2018, n'êtes-vous pas tristes aujourd'hui ?
Allez-vous commettre les mêmes erreurs en 2019 et laisser ceux qui n'ont de cesse d'humilier notre pays continuer leur décadente besogne ?
Le gouvernement est responsable de cet échec, mais le peuple doit rectifier le tir lors des prochaines échéances électorales. Vous méritez d'avoir dirigeants à la hauteur, mais il vous revient de vous impliquer.
Aucun gouvernement au monde ne peut rien contre une marée électorale. On peut voler la victoire de quelques électeurs, mais c'est plus difficile de le faire quand ils sont nombreux. Que cette tristesse nous amène à prendre de bonnes décisions.
Nous invitons ceux qui ont souhaité cette situation douloureuse à respecter la douleur des patriotes qui en souffrent.
Nous exigeons aussi que, sans attendre, Monsieur Paul Biya, bénéficiaire de la forfaiture du 7 octobre 2018, lui qui a affirmé que le Cameroun serait « prêt le jour dit », explique au peuple camerounais ce qui a conduit à cette humiliation nationale en mondovision qui en toute logique doit déboucher sur sa démission.
Le jour vient où les énergies des camerounais seront libérées aux yeux du monde ».
Pour Jean Mitchell Nintcheu, cadre dans le Social Democratic Front, cette décision entre dans les annales du football africain et jette l’opprobre sur le peuple camerounais, un peuple de football
« La Confédération africaine de football vient de retirer l'organisation de la Coupe d'Afrique des nations au Cameroun. Un coup de tonnerre sans précédent dans les annales de l'Histoire de notre sport-roi.
Le Cameroun a pourtant décroché l'organisation de cette Can depuis 2014 alors que rien ne l'y obligeait. On ne saurait passer pareille forfaiture par pertes et profits. Les véritables responsables de cette catastrophe nationale doivent payer le prix fort conformément à la loi. Pas question de faire payer uniquement les exécutants périphériques ou de profiter de ce séisme pour procéder à des règlements de comptes politiques. Plus besoin de tergiverser à partir du moment où l'échelle de responsabilités peut être aisément établi.
Les causes de cette humiliation historique sont connues. En plus de l'inertie et de l'improvisation érigées en méthodes de gouvernement, l'attentisme longtemps observé dans le démarrage effectif des travaux a été dicté par l'appât du gain rapide et facile. Les différentes mafias tapies dans l'ombre ont compris que la rapine ne pouvait être mieux déployée qu'à travers une stratégie bien huilée de retard entretenu qui visait à aboutir aux différentes procédures d'urgence avec ce que cela comporte comme rétro-commissions et réduction du nombre de signataires du fait de la simplification des formalités administratives de déblocage de fonds.
Le football qui est l'unique élément fédérateur du peuple camerounais vient de subir une grosse humiliation planétaire. Compte tenu de la gravité de la situation sur les plans éthique et financier (plus de 650 milliards de FCFA prévus dans le cadre du budget de l'État pour le compte de l'exercice 2018 ainsi que des centaines de milliards inscrits à cet effet pour le compte de l'exercice 2019), une commission d'enquête parlementaire s'impose. Afin que toute la lumière soit entièrement faite sur cette déconvenue qui achève de décrédibiliser notre pays à l'extérieur.
Le Cameroun est définitivement devenu la risée du monde entier. Tant que M. Biya est au pouvoir, le processus de putréfaction de l'image du Cameroun sera irréversible. Ce septennat dit de grandes opportunités est en train de se transformer dès le début en septennat de profondes désillusions. Ce qui est sans surprise pour les camerounais qui n'ont pas encore été envoûtés par 36 ans d'obscurantisme… ».
Serge Espoir Matomba, le candidat du PURS pense que malgré cette déculottée, le Cameroun doit penser à la révision du code électoral, en plus d’apporter une solution définitive à la crise sécuritaire.
« Triste de savoir que la Can 2019 a été retiré au Cameroun ce soir. Nous aurions pu éviter cette énième humiliation, si nous nous étions mieux préparés pour affronter cette échéance.
Mais ne faut-il pas reculer pour mieux sauter ?
La résolution des crises dans les différentes régions du Cameroun devrait être notre priorité. Nous avons appelé à la pacification du Cameroun avant la tenue de l’élection présidentielle, mais n’avons pas été entendus.
Aujourd’hui l’autre combat majeur est celui de la révision du code électoral, afin qu’il garantisse la transparence du processus électoral.
Il faut surtout que la construction des infrastructures dont doivent naturellement bénéficier les camerounais, se poursuive et s’achève dans les délais. Sinon, c’est encore le peuple qui devra faire les frais d’un paiement supplémentaire en cas de non livraison des travaux à temps. Une compétition sportive d’une telle envergure que la Coupe d’Afrique des Nations devrait servir à rehausser l’image du Cameroun et non l’inverse.
Il est temps de tout remettre à plat ».
Pour Éric Mathias Owona Nguini, le Cameroun a été victime d’un complot. Les dessous du coup de semonce de la Caf décalant le Cameroun de la Can 2019 à la Can 2021 : Des « combinaisons » en lien avec la nouvelle cartographie politico – décisionnelle du pouvoir footballistique continental.
« C'est avec un certain art de l 'équilibrisme politique que Ahmad a su régler ses comptes au Cameroun, l’humilier tout en lui ménageant une porte de sortie et En ouvrant Le chemin aux nouveaux caucus dominants de La Caf que sont les blocs régionaux d'Afrique du Nord et d'Afrique Australe pour récupérer La Can 2019. Dès le départ, au-delà des travers de l’inertie managériale des organisateurs camerounais de cette Can et de la duplicité traîtresse et renégate des mouvances ne connaissant que l’anti patriotisme comme mode de contestation et d’opposition, la véhémence du leader de la Caf contre l’organisation camerounaise de cette compétition était clairement motivée par deux raisons structurantes : Le désir de revanche contre le pays du grand Issa Hayatou dont le comité exécutif lui retira la Can juniors – Le souci de ménager ses puissants alliés Nord Africains et d’Afrique Australe, en leur permettant de reprendre la main pour l’organisation de la Can 2019, au détriment du Cameroun… Malgré les propos lénifiants du président de la Caf lors de son voyage express au Cameroun en compagnie de la star Samuel Eto'o pour une audience avec le Président Paul Biya, je n’ai jamais eu confiance au patron du football continental africain… ».
Nicole Ricci Minyem