Elles sont nombreuses, ces dames qui dans leur ménage, vivent un enfer plus ou moins indescriptible. Elles sont devenues des putching ball de leurs conjoints et n’osent pas dénoncer leurs bourreaux à cause des représailles et préjugés.
On se pose bien la question de savoir ce que les femmes violentées peuvent subir de plus. Alors que les séquelles de leur calvaire sont visibles sur leur corps. Certaines, malgré leur jeune âge, marchent en courbant l’échine, traînant derrière elles, ce fardeau, refusant de croire qu’elles en sont victimes.
C’est le cas de Eva. Depuis deux semaines, son histoire touche et interpelle. Elle a été reçue sur le plateau de « Regard Social », chez nos confrères d’Equinoxe Télévision. Âgée de 34 ans, elle a passé 11 ans de sa vie auprès d’un homme qui l’a, plus d’une fois envoyée à l’hôpital. Son visage, depuis le coma dans lequel l’a plongé l’un de ces passages à tabac a laissé des traces sur son visage. « Je ne me sens plus femme, je ne suis pas certaine de me remettre dans une relation avec un homme », dit–elle.
D’autres traces de son traumatisme sont visibles et c’est logique, depuis cinq mois, son bourreau qui a refait sa vie avec une autre, lui a arraché leurs enfants, qui ont respectivement six, quatre et deux ans. Elle ne peut pas les voir, leur parler au téléphone, elle se console avec les jouets et les vêtements de ses bouts de chou qu’elle dispose sur sa couchette, ce qui ne l’apaise pas vraiment.
A la question de savoir pourquoi a-t-elle supporté ce calvaire pendant toutes ces années, elle répond : « Je l’aimais, je pensais qu’il allait changer et, il me l’a toujours promis. Même lorsque nous avons déménagé pour aller à Nkongsamba, il m’a promis que tout cela est du passé… Et j’ai accepté de le suivre, en laissant mon travail… ».
Eva n’est pas un cas isolé. Il y a un peu plus d’un mois, une dame a été sauvagement assassiné par son conjoint à Ngaoundéré, dans le domicile de la sœur aînée. Assassinée par une arme à feu.
Violences faites aux Femmes : Un fléau planétaire
Elise Pierrette Mpoung Meno, Co-fondatrice de l'Association de lutte des violences faites aux femmes, affirme que sur 37.719 filles et femmes camerounaises, 5,2% subissent les violences de tout ordre au quotidien.
Elle assure qu’elles sont « un bon nombre, les associations qui œuvrent en permanence, afin d’accompagner psychologiquement, émotionnellement, financièrement et même juridiquement, ces innombrables victimes ».
Selon l’ong Care France, 65% de femmes subissent chaque jour, des Violences domestiques, des agressions sexuelles, des viols, des mutilations génitales, quelques exemples qui ne reposent que sur une question de genre.
Un problème à prendre à bras le corps
Les violences faites aux femmes sont essentiellement évoquées lorsqu’on commémore la Journée Internationale de la Femme ou lors de la célébration de la Journée Internationale pour l'élimination de la Violence contre les Femmes. Et pourtant, elles sont nombreuses, celles qui sous les toits, subissent des atrocités et n’osent en parler, à cause de la société. Elles ont peur du regard des autres et parfois se sentent coupables de vivre cela, trouvant toujours des excuses à leurs bourreaux ou trouvent des liens avec des erreurs qu'elles auraient commises et dont le châtiment leur retombe dessus. Quelques unes ont besoin d’un catalyseur pour solliciter de l’aide. Avoir du soutien dans cette situation devient encore plus compliqué lorsqu'il s'agit de relations qui n'ont pas eu l'approbation de parents et/ou de proches.
Et, ces propos de Eva le prouvent suffisamment : « Si je suis venue ici, c’est pour que vous m’aidiez à reprendre mes enfants. Il m’a quitté, il vit avec une autre et ça ne me dit rien, c’est parce que je veux reprendre mes enfants que je suis venue ici… ».
Nicole Ricci Minyem