Longtemps après le passage des officiels départementaux du ministère de l’Agriculture et du Développement Rural, ainsi que de celui de l’Habitat et du Développement Urbain, accompagnés à chaque fois par une forte délégation, tous ceux dont les villages sont recensés craignent de se voir délogés et envoyés vers des lieux inconnus.
Les raisons de cette psychose trouvent leur fondement, dans l’ambition nourrie par l’Etat, de s’accaparer de cette réserve foncière, qui couvre dix mille (10 000) ha dans cette localité, située dans le Département du Nyong et Mfoumou – Cameroun.
Situation géographique des zones concernées
Le projet est à cheval entre trois groupements de deuxième degré, notamment :
Maka Nord avec les villages tels que Endamba – Anpwangze – Nka’a – Nyîn - Mboke et une partie de Nkodebegondo.
Nord – Est I qui compte comme villages Nkolebodo – Ekwapson – Atoa -
Nord – Est II avec pour villages Sobya – Toumba – Mbiére – Mbogue.
Selon Jean Moselly – Expert en Agriculture, les localités que le projet de la Réserve Foncière englouties complètement sont : Endamba – Nka’a – Ato’o – Nyîn…
Des bornes, ont été mises, parfois nuitamment et à l’insu des populations, autour de la zone délimitée par les responsables de l’Administration et qui doit servir de site à un projet dont on ignore jusqu’à cette date, la nature ;
Elles sont ainsi visibles à Endamba - Anpwangze – Nka’a – Atoa – Mimbea – Epwagson – Sobya – Mbogue…
Les populations concernées totalement mises à l’écart
Dans la phase de recensement des plantations ainsi que des propriétés familiales absorbées par les 10 mille hectares de la Réserve Foncière de Kobdombo, les personnes interrogées affirment qu’elles n’ont pas été impliquées dans ce qui peut être considéré comme la mise en place des prémices du projet « fantôme ».
Jean Moselly affirme d’ailleurs à ce propos qu’à Mboke, « le Délégué du ministère de l’Agriculture et du Développement Rural ainsi que son homologue du ministère de l’Habitat et du Développement Urbain, de même que tous ceux qui, à chaque fois les accompagnaient se sont installés au domicile du chef du village, ont appelé quelques personnes à qui ils posaient des questions par rapport aux avoirs fonciers des uns et des autres. C’est sur la base des réponses reçues qu’ils prenaient des notes ».
La même source indique qu’ « à Endamba, les responsables de ces départements ministériels et leur suite ont à peine jeté un coup d’œil sur les sites situés aux abords des maisons ; il est donc impossible de savoir sur quoi vont se baser les résultats de ce qui nous est apparu comme une enquête qui va permettre de dédommager les populations ».
La même opportunité ne leur a pas été donnée ailleurs
Notamment à Atoa. Dans ce village, les jeunes ont bloqué l’accès menant à leur terre, se montrant menaçant, malgré la présence des hommes en tenue dans les véhicules des délégués du Minader et du Mindhu, obligeant ces derniers à battre en retraite.
Les chefs traditionnels – auxiliaires de l’autorité administrative tenus eux aussi à l’écart
Acculés par les membres de leur communauté respective populations qui exigent d’avoir des explications, ce d’autant plus qu’ils ont été obligés de signer les documents, sans au préalable en prendre connaissance, pressés par les différents responsables départementaux des ministères sus cités qui n’ont fourni aucune autre explication que celle de l’arrivée dans un bref délai d’une « Société Agro - Industrielle».
C’est entre autres la raison pour laquelle des courriers ont été envoyés aussi bien au Premier ministère qu’à la Présidence de la République, par les autorités traditionnelles, avec à leur tête sa Majesté Ndawola Raymond – Chef de 2ème Dégré Maka Nord afin, de dénoncer les procédés « peu orthodoxes qui auxquels ils sont confrontés depuis l’arrivée des premières délégations dans les villages, alors qu’aucune information concrète n’est fournie à quiconque … ».
Méconnaissance du projet ou refus des autorités administratives et élus locaux d’en dire plus ?
Selon les témoignages recueillis sur le terrain, le Préfet et le Sous – Préfet ont fait comprendre aux Chefs Traditionnels qu’ils n’ont reçu de la hiérarchie, que des lettres de recommandation, afin qu’ils facilitent le travail aux personnes venues de Yaoundé.
Il est important de relever que des démarches ont été entreprises auprès des autorités, ayant été à la genèse de l’implantation d’un projet sur la Réserve Foncière de 10 mille hectares de Kobdombo, afin d’avoir plus amples informations ; Cependant, toutes sont restées lettre morte.
Les élus locaux n’ont, eux non plus jugé opportun d’apporter le moindre élément de réponses après les protocoles d’interviews qui leur ont été envoyés.
Volonté de rétention de l’information, simple manifestation de mépris vis-à-vis des populations qui ne savent plus à quel saint se vouer, alors qu’ils ont arrêté de créer les plantations qui constituent leur mamelle nourricière, tout en assurant la scolarité à leurs progéniture, sans oublier les nombreux autres besoins présents dans la vie de tout être humain.
Une interdiction qu’ils ont été obligés de respecter, parce qu’on leur a dit que la Réserve Foncière de Kobdombo relève désormais du domaine de l’Etat ; ils ne savent non plus sur quels type de critères les « spécialistes » venus de Yaoundé vont s’appuyer pour dédommager tel et pas tel autre, ce d’autant plus que les vivres et autres cultures seront uniquement inventoriées à l’arrivée du projet.
Aucun bras de fer ne se fait avec l’Etat
Et nul, selon Jean Moselly « ne peut refuser le développement surtout lorsqu’on vit comme nous, dans une zone enclavée. Nous sommes à 65 Km de Nanga Eboko et, pour arriver ici, c’est un véritable parcours de combattant, surtout en cette saison pluvieuse. En plus, l’unique moyen de locomotion que nous avons ici, c’est la moto parce que je ne peux parler des quelques rares véhicules qui font de temps en temps des navettes, afin de permettre aux populations de rallier les principales localités…
Nous n’avons pas d’énergie électrique, le réseau ici est captable à certains endroits et parfois à certaines heures et, pour avoir de l’eau potable, nous sommes obligés de parcourir plusieurs kilomètres. Avec un tel tableau, nous sommes les premiers à vouloir que tout soit fait afin d’impulser le développement chez nous ; mais, doit – on pour cela nous tenir à l’écart, doit – on nous imposer des contraintes qui nous asphyxient plus et tendent à nous rendre plus misérables ? Je ne pense pas que c’est de cette manière qu’on agit…
Dans cette société, va t –on employer les jeunes de nos villages qui aujourd’hui, sont pratiquement obligés d’errer dans les villages, avec comme seules activités boire du vin et faire des enfants ?
Nous avons besoin d’informations et, c’est sur cette base seulement que nos enfants, sauront vers quels objectifs orienter leur vie si nous qui sommes leurs parents, nous ne pouvons plus leur léguer l’héritage de nos ancêtres ».
Nicole Ricci Minyem