L’économiste et scientifique du développement, Dieudonné Essomba relaie l’information sur le projet d’un livre d’histoire sur le Cameroun par les camerounais. Mais dénonce la manière dont l’initiative est portée. Aussi, Dieudonné Essomba félicite le Professeur des universités pour sa désignation parmi les historiographes du Cameroun.
Le Professeur Mathias Eric Owona Nguini vient d’être sélectionné dans l’équipe des historiographes du Cameroun. Il est membre d’une équipe d’universitaires qui vont s’exercer à l’écriture d’un livre d’histoire entièrement dédié à l’histoire du Cameroun. Un projet financé par les fonds publics. Un projet que ne comprends pas très bien l'analyste Dieudonné Essomba.
Selon l’économiste, un tel projet dans sa forme de préparation actuelle, semble être un projet qui sera teinté d’autocratie. Il affirme : « Ce genre de projet est propre aux régimes autocratiques qui veulent présenter une lecture orientée des faits historiques, conformes à leur vision du monde : pays communistes, pays à parti unique etc. » Ce qui est inquiétant quand on sait que le Cameroun souffre aujourd’hui de déficit d’une histoire claire susceptible de raviver la conscience nationaliste nationale.
Pour Dieudonné Essomba, la manière dont les choses sont faites en ce moment n'est pas de nature à aboutir à un livre d’histoire vrai. « On ne les trouve jamais dans les pays démocratiques, où la recherche historique est appuyée par l’Etat mais réalisée par des chercheurs indépendants à qui on n’impose aucune orientation. »
Le scientifique qu’il est craint que ce ne soit un projet qui viennent exalter les prouesses du régime RDPC et de ses acteurs. Avec en bonne place une louange extrême au Chef de l’Etat actuel, le Président Paul BIYA. Un projet qui risque de défigurer les autres acteurs socio-politiques camerounais.
« On se doute bien que dans un environnement de contestation multiforme, et notamment de la forme de l’Etat, ces « historiens » dont la carrière et les ressources dépendent du Gouvernement unitaire et qui, surtout sont impatients d’être nommés pour vivre dans le luxe, ne puissent résister à la tentation de présenter les événements dans le sens parfaitement désiré par leurs commanditaires. »
Dieudonné Essomba rappelle que sous le régime Ahidjo, on avait également initié un tel projet. Mais qui n’a pas survécu après son passage à la tête de l’Etat. « Du point de vue de la vie d’une Nation ce genre d’initiative n’a aucune valeur. On a connu de tels projets avec Ahidjo, où les nationalistes étaient présentés comme des terroristes. Les livres d‘histoire d’Ahidjo étaient beaux et brillants, en papier glacé et en couverture d’or. Et les thuriféraires de son régime les plaçaient bien évidence dans les placards de leur salon, afin de manifester ostensiblement leur adhésion aux « idéaux exaltants » du Grand Camarade. On les considérait alors comme des chefs-d’œuvre de l‘Humanité. Ils se sont évaporés du jour au lendemain après son départ et ont à jamais disparu de la circulation. Nous espérons bien qu’il n’en sera pas ainsi avec Biya ».
Stéphane NZESSEU