L’injustice est le dénominateur commun de toutes les situations et de l’essentiel des motifs de violence que nous observons aujourd’hui dans la société camerounaise. Une injustice qui se décline sur plusieurs fronts et dont la conséquence principale est le désintérêt des citoyens quant au respect des valeurs fondamentales de droits humains, mais aussi une fracture de la solidarité entre les hommes du fait de la passivité engendrée par cette injustice récurrente.
L’injustice va croissant dans notre pays. Une injustice qui puise ses origines principales de la tête de l’administration publique. L’impunité au sommet de l’Etat a créé une classe de dirigeants qui sait qu’elle ne sera jamais inquiétée pour quoi que ce soit (à moins de ne pas guetter la chaise du Roi). Une impunité qui engendre la corruption d’Etat, la corruption qui couve le trafic d’influence, encourage le népotisme, le despotisme. Cette corruption d’Etat et le trafic d’influence ambiant ont déstructuré le tissu des institutions. Les institutions devenues l’ombre d’elles-mêmes, du fait de ce que les hommes qui les incarnent ont perdu le pouvoir compris dans la charge de leurs responsabilités. Ou alors, les acteurs de ces institutions mettent leur pouvoir au service non pas des populations, mais des personnes qui tirent les ficelles dans l’ombre pour des intérêts obscurs.
Et dans cet imbroglio d’injustice, l’appareil judicaire est parmi les plus indexés. Depuis l’agent de police judiciaire jusqu’au magistrat, il devient de plus en plus difficile de recevoir la justice. Tout est vicié. Au point où, les quelques rares personnes qui essayent de faire la justice sont inquiétés. Personne ne protège ceux qui voudraient protéger les autres. La conséquence, les populations sont abandonnées à eux-mêmes. Face à cette situation, c’est sauve qui peut.
Dans cet imbroglio, on assiste à la naissance des polices privées sous la casquette d’agence de sécurité. Et ce sont une fois de plus, ceux qui tiennent les ficelles de la bourse et de la justice qui ont les moyens de s’offrir la protection de ces polices privées et même dans certains cas la police publique. Tout est vendu au plus offrant, le plus fort est le directeur de la jungle. On n’est plus loin de l’état de nature. Le capitalisme dans toute sa splendeur, ajoutée à une irresponsabilité et une passivité incompréhensible des citoyens dans la société. Chacun laisse faire tant que a ne concerne pas nos entrailles.
On n’a pas encore attend le niveau de criminalité et de violence des pays comme les Etats Unis ou l’Afrique du Sud, mais on n’en n’est pas si éloigné.
Stéphane NZESSEU