Le cirque auquel s’est livré quelques femmes à Bruxelles pour des raisons qui leurs sont propres a suscité moult commentaires avec parfois des relents politiques.
Oui, les femmes se dénudaient parfois. Mais lesquelles ?
Les éclairages d’Edouard Bokagné
« J'ai suivi un extrait d'une interview du Pr. Charly Gabriel Mbock, un intellectuel comme on en fait peu et un sage, sur un fait de société. Il a dit une vérité anthropologique incontestable. Dans les sociétés nègres, il advenait parfois, face à une calamité particulière - et l'horreur en est indubitablement une - que, pour exprimer leur indignation, les femmes se dénudent.
Mais il faut qu'on s'accorde. Les femmes en question représentaient toujours un segment normé de leur société. Elles représentaient, à tout le moins, un ordre initiatique reconnu par toute la société dont elles exprimaient la consternation. Ce n'étaient pas des hystériques bien au contraire, mais des dames remarquables dans leur organisation et leur expression.
Se dénuder, pour elles, en semblable situation, relevait du rituel. Elles ne le faisaient pas pour insulter, mais pour dire. Déjà, elles apparaissaient sur scène - et la scène se trouvait toujours être le territoire dont elles défendaient l'intégrité - en ordre : en rang, suivant une hiérarchie donnée qui attestait la pugnacité initiatique.
Est-ce ce qui s'est vécu à Bruxelles ? J'en doute fort.
Le dénudement était en chorus. Elles faisaient toutes la même chose, présentaient une sorte d'harmonie gestuelle qui véhiculait, par elle-même, un puissant message. Et leur société écoutait, car elles lui parlaient. Par la beauté de leur être, elles la guérissaient car elles la réconciliaient avec elle-même. La cacophonie belge, incontestablement dissonance, s'est avérée l'expression d'une inculture.
Nos initiées d'hier représentaient, dans leur vécu quotidien, des femmes honorables, bien assises dans leur société. Quand elles ne recourraient pas à cette forme extrême de communication, elles étaient socialement des réconciliatrices : des femmes posées, tendres, au comportement irréprochable. Quelle société prendrait celles qui font le plus vieux métier du monde pour s'indigner ? Et contre quoi ?
La communication ne s'arrêtait pas sur l'exhibition, mais sur le mécanisme guérisseur. Se déshabiller - surtout de manière aussi désordonnée - pour elles, n'était donc pas une fin en soi dont elles seraient fières et qu'il leur faudrait expliquer aux tiers ahuris. Le langage de leur corps était pensé par avance pour être compris pour ce qu'il était : la féminine indignation et la légitime colère. Elles s'assuraient avoir été comprises. Par conséquent, l'exhibition avait un après.
Il y a une chose que jamais - au plus grand jamais - ces femmes n'auraient faite comme l'ont faite celles de Bruxelles : se mélanger aux hommes. C'est même la plus grosse incohérence et l'imposture la plus flagrante. Quand elles sortaient pour se montrer, les femmes sortaient seules. À voir ce qui s'est vu à Bruxelles, ça ne me surprendra guère qu'à l'exhibition, ait suivi - comme il se murmure - d'épouvantables orgies de stupre.
Finalement, qui étaient ces hystériques, mélangées à leurs amants et maquereaux, hurlant des propos sinon déviants, du moins clivants ?
Personne ne me fera croire qu'il y avait-là, l'Afrique s'exprimant. Et d'abord où ? Surtout pourquoi ? Leur message - une imposture en lui-même - faisant l'apologie d'un imposteur, n'a résonné que comme la cacophonie des multiples dissonances dont le pandémonium de cette diaspora s'est revêtu.
On peut élaborer sur ce que s'est voulu ce message. D'abord il est certain que personne ne l'a entendu. Mais surtout, il s'est avéré resucée d'antiennes chimériques pour lesquelles cette société vociférante n'est qu'un greffon parasite.
La crise du NOSO qui sert de prétexte au discours de leur imposteur de leader ne l'a guère préoccupé lorsqu'il fit le tour du monde et parla à cette diaspora désordonnée.
Elle suit sa voie parallèle, les acteurs l'ignorant aussi flagramment qu'il les ignore ; lui ne les évoquant que pour se justifier une existence qu'il s'est déniée et eux ne l'évoquant justement jamais car d'existence - et donc d'utilité - il n'en a point et pour cause.
Message tronqué donc, d'acteurs apocryphes, vide de signification, dépourvu de pertinence, sans le moindre à propos. En bref, un ne rien dire et un faire pour rien : l'inutile, sans usage, l'informe et le vide. Bref : le tohu bohu.
Inculte restera le maître-mot qui qualifie ces manifestations ineptes de patriotisme. Même le drapeau brandi, quand on recourait à la symbolique des couleurs, n'était pas le bon. Pour preuve, regardez dans toutes les restitutions de l'événement par leur camp. Même les leurs ne les ont pas comprises. Ils les défendaient maladroitement, mais sans fierté. Leurs corps nus ne paraissent dans aucun de leurs sites.
Peut-être au fond n'étaient-ce que des femmes de rien faisant la seule chose que ce genre de femmes sait faire : se déshabiller.
Et cela comporte son propre message... ».
N.R.M