Dans une tribune libre, le journaliste en service à Radio Tiemeni Siantou (Yaouné) revient sur ces nominations au sein du MRC. Il souligne les postes créés, les promotions et l’esprit démocratique au sein dudit parti.
Célestin Djamen … la surprise
Alors qu’on se serait attendu à ce que celui qui s’est affiché comme un dissident au sein du parti soit sanctionné, c’est plutôt l’inverse qui se produit.
Pour Serge Aimé Bikoi, « c'était la stupéfaction chez bien de personnes qui ont lancé une interjection en guise d'exclamation après avoir vu le nom de Célestin Djamen sur la copie intégrale des nominations diffusées sur les réseaux sociaux. Dans l'imaginaire collectif, d'aucuns s'attendaient à ce que celui qui occupent encore le poste de Secrétaire national chargé des droits de l'homme et de la gouvernance fût demis de ses fonctions en raison de ses prises de position idéologiquement et politiquement opposées à l'option du président national du parti. C. Djamen se situe, par exemple, aux antipodes de la logique de boycott de toutes élections, en l'occurrence des régionales, ainsi que le défend M. Kamto. Alors que le leader national du Mrc appelle à l'organisation d'un dialogue inclusif pour résoudre la crise anglophone, Djamen a soutenu, sur l'antenne de Radio Balafon, ces derniers jours: "si le chef de L'État m'appelle pour régler la guerre au Noso, je pars; nos frères et sœurs meurent". Aussi avait-il taxé le parti qui décide du boycott des élections d'être devenu une Ong non sans s'adresser à ses camarades par ces mots: "Ils m'entendent, mais ils ne m'écoutent pas. Un militant qui est dans le mutisme par suivisme est un dangereux". Toute déclaration fustigée, d'ailleurs, par ses pairs.
Décider donc du maintien de Djamen au poste de Secrétaire national chargé des droits de l'homme et de la gouvernance sous-tend une grille de lecture de l'analyse stratégique liée au fait que le président national du Mrc ne doit guère laisser transparaître une lésion de fissure au sein du parti. Éjecter Djamen, en pareille circonstance, consistait à montrer un signe de division entre ce cadre et des militants et sympathisants. C'est une stratégie de communication et de marketing politique visant à ne pas écarter cet acteur politique du système, mais il s'agit plutôt de l'inviter à plus de concentration de ses énergies autour des missions et attributions qui lui sont dévolues. »
On peut également constater que dans un autre mouvement politique, au lieu d’être promu, C. Djamen devait être au minimum convoqué devant un conseil de discipline, au plus, mis à l’écart du parti. Le MRC semble vouloir se démarquer par sa capacité à intégrer toutes les sensibilités au sein du parti. Et rassurer les militants quant à l’idée que c’est un parti de débat et de discussions.
De nombreuses promotions de jeunes militants
Serge Aimé Bikoi est félicitant de cette vague de promotion de jeunes militants qui accèdent à des postes de responsabilité au sein du parti. « En jetant un regard holistique sur l'ossature interne réaménagé, il apparaît que les cadres du directoire du parti sont maintenus à leur poste excepté Sosthène Médard Lipot, qui a été remplacé au poste de Secrétaire national à la communication par Joseph Emmanuel Ateba. Malgré la perte du statut de communicant officiel du parti, Lipot est devenu, depuis le 18 août 2020, un des conseillers spéciaux du président national, tout autant que Sa majesté Pierre Marie Biloa Effa, Albert Dzongang, Martin Ambang, Jean Paul Samba Epape et Koupra Djijatou. De nouveaux postes ont été créés dans la même veine, à l'instar de celui de conseiller chargé des questions du panafricanisme, dont Olivier Bibou Nissack tient les rênes. Sont aussi chargés d'aider le porte-parole de M. Kamto à accomplir cette mission des conseillers du président national, tels que Me Fidèle Djoumbissie, Élise Youmbi, Wilfried Ekanga, Charles Kakeu, Abbey Martin Nkwa et Jean Marcel Bieme Okola.
Avec la reconfiguration de l'architecture interne du Mrc, des jeunes loups aux dents longues, des femmes actives et dynamiques sur la scène publique et des hommes politiques engagés pour la cause de la résistance nationale sont promus. Sans prétention à l'exhaustivité, des figures masculine et féminine émergent et entrent en scène. Parmi les femmes qui bénéficient d'un poste de responsabilité, figurent, entre autres, Flore Dang Mboussi, désormais, Secrétaire nationale chargée de la femme, de l'enfant et des affaires sociales; Valerie Nyeck, Secrétaire nationale chargée de la défense; Sylvie Chiabi Ngum, Secrétaire nationale chargée de la question du genre. Au rang des jeunes acteurs promus, il y a, entre autres, Me Roland Dieuwou, Secrétaire national chargé des affaires juridiques et judiciaires; Sylvanus Mutagha devient conseiller spécial du président national; Engelbert Lebon Datchoua, Secrétaire national délégué chargé de la jeunesse, des affaires sportives et culturelles ; Darling Veumo Nguevo, Secrétaire national délégué chargé des questions électorales, administratives, traditionnelles et de la société civile; Jean Bonheur Nouka Tchouafa, Secrétaire national délégué chargé de l'éducation de base et secondaire, de l'éducation civique et de l'hygiène publique; Christian Fouelefack, Secrétaire national chargé du commerce et de l'artisanat. »
Un renouvellement qui augure le démarrage d’une nouvelle dynamique pour le parti. Un autre type de déploiement pour un plus grand impact sur le plan national.
Stéphane NZESSEU