Depuis ce lundi 16 septembre 2019, les avocats du barreau du Cameroun sont en grève. Les palais de justice de Yaoundé sont déserts, pas de robes noires dans les parages. La colère des spécialistes du droit a des conséquences qui se font déjà sentir.
Palais de justice de Yaoundé Ekounou, dans l’arrondissement de Yaoundé 4ème. Il est environ 11 heures ce mardi matin. A l’entrée et dans la cour du Palais de justice, quelques agents de la police camerounaise sont postés. On observe également des allées et venues des usagers de la justice. Il s’agit de citoyens qui se dirigent vers les bureaux des procureurs et autres magistrats pour des services administratifs courants, et pour suivre leurs différents dossiers en cours. D’aucuns qui viennent se faire établir des extraits de casier judiciaire Nro 3 pour le compte de certains dossiers d’examen. En somme, l’administration de la justice se poursuit visiblement sans grand soucis.
Dans la grande salle d’audience du palais de justice, on peut voir quelques prisonniers sortis des prisons de Yaoundé pour suivre leurs procès en cours. Encadrés par les gardiens de prison, ils attendent chacun être appelé. Seulement, ils ne sont pas aussi nombreux qu’à l’habitude. On peut également se rendre compte que quelques parents de prisonniers ont fait le déplacement pour s’assurer de l’état de santé d’un des leurs qui comparaît.
A la barre, un prévenu s’explique devant la justice. Une pile de dossier sur la table du procureur de la république. Un magistrat du parquet est assis et consulte les dossiers qui sont devant lui en compagnie d’une assistante. La dame du greffe, la présidente du tribunal sont très affairées à écouter le prévenu. Tout semble bien se dérouler.
Mais une image reste frappante, pas de robe d’avocat dans la salle d’audience. Les seules robes noires sont celles du procureur de la république, du greffier et du juge du jour. On croirait à une machination pour tourner en dérision l’absence des avocats et meubler le tribunal de robes noires. Mais il n’en est rien.
Dans le déroulé des procès en cours, le juge entend les prévenus dont certains n’auront pas l’accompagnement de leur avocat. Mais quelques uns des parents nous font savoir que des consignes ont été données aux prévenus et ils savent quoi dire pour qu’au finish des renvois soient prononcés. Et manifestement, c’est le cas. L’essentiel des dossiers appelés en notre présence ont été renvoyés pour une date ultérieure. Ainsi va la justice en ce jour de grève.
Stéphane NZESSEU