La montée inhabituelle des eaux à l’origine de fréquentes inondations dans ce quartier.
Les populations de Bonamouang, entre Akwa-nord et Bonamoussadi, ont toujours vécu au rythme des différentes marées du Wouri. Depuis quelques semaines cependant, le fleuve a subitement changé de comportement. « Notre principal problème c’est la montée inhabituelle des eaux lors du quatrième cycle de la grande marée que nous appelons Endala Moudio. Quand Endala Moudio arrive, l’eau déborde les limites habituelles et cause des inondations », témoigne Noé Essesse, notable à la chefferie de 3e degré de Bonamouang, dans les colonnes de Cameroon Tribune.
Selon ce dernier, la situation devient plus critique lorsqu’il pleut. Les domiciles sont inondés, exposant les populations aux risques de noyade et d’effondrement de leurs maisons. Face à la force des eaux, certaines structures en béton ne résistent pas longtemps.
D’après le journal, les exploitants des carrières de sable sont eux aussi impactés par le dérèglement du cycle de l’eau. Quand survient le quatrième cycle de la marée, impossible de travailler. Le chantier est à l’arrêt pendant des heures. Une situation inhabituelle qui menace le millier d’employés de ces carrières de sable. L’écosystème marin constitué essentiellement de mangrove est également en danger. La destruction incontrôlée des mangroves contribue à la disparition de l’habitat de la faune aquatique et arboricole.
Les populations du quartier, par la voix de leur chef, Salomon Ekoka Mbassa, pointent un doigt accusateur sur un projet immobilier en cours sur l’une des presqu’îles voisines. Les remblais et autres travaux de terrassement effectués par le projet modifient le cours du fleuve. Avec pour conséquence, l’exacerbation des marées hautes qui aboutit à des inondations de plus en plus prononcées. Selon toute vraisemblance, les études d’impact environnemental n’auraient pas été réalisées, ou ont été mal conduites. La plaque de chantier située sur la partie continentale de la presqu’île renseigne sur l’ampleur des travaux.
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Pour Salomon Ekoka Mbassa, ce projet risque de compromettre la réalisation de l’aménagement touristique des îlots de Bonamouang, Bonamika et Yadimbam. Un projet sur lequel il travaille depuis sept ans et qui a obtenu l’accord des ministères sectoriels concernés. La zone est également ciblée pour le projet de la voie sur les berges du Wouri, initié par la Communauté urbaine de Douala.
Un projet routier d’une longueur de quatre kilomètres, allant de l’échangeur de Deïdo à Bonamoussadi. Le projet immobilier en cours de réalisation apparaît ainsi comme une entrave potentielle à ceux mentionnés plus haut. En attendant une éventuelle intervention des pouvoirs publics, les populations de Bonamouang, visiblement impuissantes, vivent au gré des marées devenues plus menaçantes.
Otric N.