Des citernes de carburant renversées, qui déversent sans aucun contrôle leur contenu a été, il y a vingt deux ans une aubaine pour des centaines de personnes.
Du moins, l’ont t-ils cru car au final, ils avaient malheureusement rendez vous avec la mort et d’autres sont devenus des handicapés à vie. Hommes, femmes et enfants, résident aux alentours du dépôt pétrolier de Nsam, lieu du sinistre ont cru saisir une « magnifique » occasion pour se faire plein d’argent.
Certains automobilistes, personnels et transporteurs en commun ont garé leurs voitures, abandonnant parfois les clients à l’intérieur parce qu’il n’était pas question de laisser passer une telle occasion. L’un des « profiteurs » a malencontreusement laissé tomber un mégot de cigarette et catastrophe, tous ont flambé comme des torches, car imbibés d’essence.
Le Cameroun, a ainsi connu l’un des jours les plus sombres de son existence. En moins de quelques heures, des familles entières ont disparu, certains ont perdu des êtres chers et tous ces morts sont devenus ce que Monseigneur Jean Zoa, avaient appelé lors « les Morts de la honte », alors qu’il faisait l’homélie pendant le culte œcuménique organisée en mémoire des disparus.
Le prélat avait insisté sur le fait que « Tous ceux qui ont perdu la vie ce 14 Février 1998 avaient succombé aux affres de la pauvreté en se précipitant vers un mirage. Ils ont fait ce choix parce que certains se sont accaparés des richesses du pays et évitent de distribuer avec les autres. Ce sont les mêmes qui ne mettent pas les mesures en place pour que les jeunes trouvent des emplois, ce qui leur auraient évité de mourir dans d’aussi atroces souffrances… ».
Certes, ce cas de figure ne concerne pas toutes les victimes de la catastrophe de Nsam puisque nombreux sont ceux qui bien que nantis ont choisi d’agir par cupidité.
22 ans après, quelles sont les leçons qui ont été tirées ?
On est tenté de croire qu’aucun enseignement n’a été tiré. L’appât du gain facile semble « hanter » l’esprit de certains Camerounais puisque d’aucuns se sont précipités pour revendiquer les corps des personnes décédées, alors qu’ils ne les connaissaient nullement mais, comme il y’avait des enveloppes à décharger pour donner un sépulcre honorable et décent aux disparus, « il fallait donc en profiter ».
Dans un contexte tout aussi macabre, ceux qui n’hésitent pas à « faire les poches » aux personnes accidentées sur les routes, sans tenter de leur apporter le moindre secours lorsqu’ils se rendent compte que celles-ci sont très mal en point sont eux aussi adeptes de « l’appât du gain facile ». Sans tenir compte des risques encourus, ils ne pensent qu’à ce qu’ils peuvent gagner et certaines mentalités n’ont point changé depuis le 14 Février 1998. D'où la question suivante : Si la même situation se présente aujourd’hui, les Camerounais seront –ils assez matures pour passer à côté de la tentation ?
Des centaines de personnes ont disparu, emportées par les flammes et, aujourd’hui, seules les membres de leurs familles s’en souviennent peut être.
Nicole Ricci Minyem