D'après les professionnels de la santé et la communauté éducative, les enfants qui commencent très tôt à consommer le tramol, finissent par laisser les classes.
Dans une interview accordée au quotidien gouvernemental Cameroon tribune en 2013, le Dr Pascal Awono, Secrétaire permanent du Comité national de lutte contre la drogue (Cnld), précise que le Tramadol vulgairement appelé « Tramol », fait partie des drogues qui créent actuellement des ravages. Sur le plan social, les sociologues indiquent que l’un des dégâts que cause la consommation du Tramol chez les jeunes est l’abandon scolaire.
Facile d'accès même s’il doit être vendu après présentation d’une ordonnance médicale, cette drogue s'est ainsi introduite dans les cours d'école au Cameroun où, selon le comité interministériel de lutte contre la culture et le trafic des stupéfiants, 12.000 jeunes scolarisés âgés de 13 à 15 ans consomment du tramadol ou du cannabis. Une consommation qui n'est pas sans conséquence.
Un enseignant d’un établissement de la ville de Yaoundé qui a requis l’anonymat, où de plus en plus des élèves sont interpellés pour consommation de tramadol raconte, «ceux de nos élèves qui ont été pris pour consommation du tramadol se faisaient remarquer par leur agressivité. Ce sont pour l'essentiel des élèves qui n'assistent pas à tous les cours, qui parlent mal aux enseignants et qui sont à l'origine des bagarres. Sommeil, absentéisme, troubles du comportement meublent leur quotidien». Ne voulant pas se soumettre aux règles de l’école, ces derniers décident parfois de ne plus venir en classe.
Les sociologues parlent aussi des ruptures familiales. Les jeunes qui se livrent à la consommation du Tramol, finissent par s’éloigner de leurs propres familles. Certains se retrouvent dans des gangs qui les adoptent. Ces gangs sont le plus souvent les auteurs des agressions, des actes de violence, des crimes dans les quartiers, les rues et aujourd’hui dans les établissements scolaires. « Les parents doivent être vigilants, surveiller le comportement de leurs enfants. Et, s’ils découvrent qu’un proche se drogue, il ne faut pas dramatiser, il faut le comprendre et le conduire vers les personnes avisées », conseille le Dr Pascal Awono.
Toujours sur le plan social, les dégâts de la consommation du Tramol sont la marginalisation, la folie, le suicide. En 2018, le comité national de lutte contre la drogue au Cameroun a rendu public des statistiques sur la consommation des produits illicites. Selon ces données, 21% de la population camerounaise a déjà expérimenté une drogue dure, 10% sont des usagers réguliers, dont 60% de jeunes âgés de 20 à 25 ans. En 2013 les derniers recensements ont démontré que 15% des jeunes âgés de 12 à 15 ans ont déjà expérimenté le tabac et 9% reconnaissent avoir expérimenté le cannabis.
« Je conseille de faire du sport, de se reposer. Il ne faut pas prendre de produit sous prétexte qu’on doit augmenter ses performances. Aux timides et à ceux qui n’arrivent pas à attirer la sympathie des autres en milieu scolaire ou jeune, je conseille d’adhérer aux associations de jeunes. Il faut avoir des loisirs sains (lecture, promenade, musique…). Ceux qui ont des problèmes doivent se confier aux parents, aux amis, au personnel médical. Il faut que les jeunes ignorent les publicités sur le tabac et autres. Le tabac est la porte d’entrée de toutes les drogues, car lorsqu'il n’a plus d’effet, le consommateur passe aux autres psychotropes. Pour les associations, il faut organiser des journées sans drogue », ajoute le Dr Pascal Awono.
Le Tramadol est un opioïde de synthèse, contenu dans certains médicaments analgésiques.
Liliane N.