La Banque islamique de développement (Bid) a ouvert une ligne de crédit de 12,1 milliards de FCFA pour le financement du Projet d’élimination de la transmission du VIH/SIDA de la mère à l’enfant au Cameroun, rapporte un décret publié ce mardi par le Journal officiel (JO).
Selon le décret, il s’agit d’un « Accord de vente à tempérament (services) » pour lequel le ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire est habilité à signer un accord avec la Bid. Cet appui financier de la Bid intervient dans un contexte de redéploiement de la lutte contre le Sida, dont le taux de prévalence est de 3,4% au Cameroun en 2018 contre 4,3% en 2011 et 3,9% en 2016, selon les résultats d’une enquête menée auprès des ménages pour l’évaluation de l’impact de la pandémie (CAMPHIA).
Malgré cette baisse du taux de contamination, il est question de mettre l’accent sur la prévention, bien que la transmission de la mère à l’enfant soit passée de 7,8% en 2012 à 0,1% en 2018. Par ailleurs, les données du Comité national de lutte contre le Sida (CNLS) font état de quelque 225.000 malades sous antirétroviraux (ARV).
On parle de transmission de la mère à l’enfant, lorsqu’une mère séropositive transmet le VIH à son enfant pendant la grossesse, le travail, l’accouchement ou l’allaitement. En l’absence d’interventions, les taux de transmission vont de 15 à 45%. Des interventions efficaces permettent toutefois de ramener ces taux à des niveaux inférieurs à 5%.
L’OMS collabore avec ses partenaires pour fixer des normes mondiales en matière de prévention du VIH, de soins et de traitement des femmes enceintes, des mères et de leurs enfants et pour favoriser l’intégration de la PTME dans les services de santé. L’OMS recommande par exemple de mettre sous traitement antirétroviral (TAR) à vie toutes les mères vivant avec le VIH pour protéger leur santé et assurer le bien-être de leurs nourrissons.
Les lignes directrices publiées par l’OMS en juillet 2016 conseillent, dans les pays ayant opté pour la promotion et le soutien de l’allaitement au sein parallèlement au traitement antirétroviral, aux mères vivant avec le VIH qui sont sous traitement et prennent bien leur traitement, d’allaiter leurs enfants exclusivement au sein pendant les 6 premiers mois de vie puis d’introduire une alimentation complémentaire jusqu’à l’âge de 12 mois. L’allaitement au sein et l’alimentation complémentaire peuvent être poursuivis jusqu’à l’âge de 24 mois et au-delà. Auparavant, le conseil de l’OMS était d’allaiter au sein jusqu’à 12 mois puis de cesser l’allaitement si une alimentation sûre et suffisamment nutritive pouvait être fournie.
Les nouvelles orientations se fondent sur des données scientifiques montrant que le traitement antirétroviral est très efficace pour la prévention de la transmission du VIH par le lait maternel si l’observance du traitement par la mère est bonne. Les nouvelles données impliquent que les mères vivant avec le VIH et leurs enfants peuvent bénéficier des nombreux avantages de l’allaitement au sein, concernant notamment la croissance et le développement de l'enfant, de la même manière que les mères qui n’ont pas le VIH et leurs enfants.
Les recommandations de l’OMS soulignent la nécessité pour les systèmes de santé de proposer des services de qualité pour le VIH, capables d’assurer la délivrance du traitement antirétroviral et de continuer à s’occuper des mères vivant avec le VIH.
Otric N.