Le ministère congolais de la Santé et l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ont provisoirement mis fin aux efforts visant à éradiquer l'épidémie d'Ebola en République démocratique du Congo (RDC), à cause d'une attaque perpétrée samedi dans l'est du pays.
Les autorités congolaises et les responsables de l'OMS ont pris cette décision après que les combats ont fait rage près d'une base du personnel de l'ONU, près de la ville de Béni. Seize employés des Nations unies ont été évacués en raison des combats survenus à quelques mètres d'un centre d'urgence où ils aidaient à l'éradication de la fièvre Ebola qui, depuis août, a fait plus de 200 morts en RDC.
Un obus a touché le bâtiment dans lequel ils se trouvaient. Mais l'origine du tir d'obus reste une énigme. On ne sait pas encore quand les employés de l'OMS vont regagner leur lieu de travail. Le ministère congolais de la Santé a imputé l'attaque du centre d'urgence aux Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe rebelle ougandais actif dans la zone depuis les années 1990.
Plus tôt dans la semaine, sept casques bleus et 12 soldats congolais ont été tués lors d'une opération conjointe menée contre les rebelles ADF. C'est la première fois que l'OMS doit évacuer, même provisoirement, des personnels depuis la déclaration de l'épidémie d'Ebola le 1er août dans la région hautement dangereuse de Beni.
Les 16 membres (sur 191 de l'OMS au total à Beni) sont partis samedi à Goma «pour déstresser» et dans l'attente d'une solution pour leur logement, selon Mr Yao. «C'est une villa à deux niveaux et le staff s'était réfugié en bas. L'obus a atterri sur le toit dans une des toilettes», a-t-il précisé, ajoutant que certaines personnes sont «traumatisées».
Vendredi soir, les Casques bleus de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco) ont repoussé une nouvelle offensive attribuée au groupe armé ADF «après plusieurs heures d'affrontements» dans le quartier Boikene, à l'entrée nord de Beni, selon le bulletin quotidien du ministère de la Santé.
Les affrontements de vendredi soir se sont soldés par deux maisons et une voiture incendiées à une centaine de mètres d'un des hôtels occupés par les équipes anti-Ebola, d'après un correspondant de l'AFP.
Historiquement des rebelles musulmans ougandais repliés dans l'est du Congo dans les années 90, les ADF multiplient les attaques contre la ville de Beni depuis septembre, après des massacres qui visaient surtout Oïcha au nord ou des routes et des champs dans la brousse.
Un hommage a été rendu samedi à Beni aux six Casques bleus du Malawi et au Casque bleu tanzanien tués cette semaine dans l'offensive contre les ADF menée conjointement avec l'armée congolaise.
Quinze Casque bleus tanzaniens avaient été tués le 8 décembre de l'an dernier dans l'attaque d'une base onusienne dans la région de Beni attribuée aux ADF. Des élections sont prévues en RDC le 23 décembre. En début de semaine, la représentante des Nations unies au Congo, Leïla Zerrougui, s'était déclarée «de plus en plus alarmée» par la situation à Beni, en s'inquiétant de la situation sécuritaire qui menace la tenue des élections en de nombreuses régions de l'est du pays.
Otric N.