Deux cent soixante personnes sont mortes de la fièvre hémorragique Ebola en quatre mois dans l'est de la République démocratique du Congo, a rapporté mardi le ministère congolais de la Santé.
Depuis le début de l’épidémie déclarée le 1er août, «le cumul des cas est de 444, dont 396 confirmés et 48 probables. Au total, il y a eu 260 décès (212 confirmés et 48 probables) et 140 personnes guéries», indique le dernier bilan du ministère de la Santé cité par l’Agence France Presse. Le ministère note par ailleurs que «72 cas suspects [sont] en cours d’investigation».
La RDC est touchée par une épidémie d'Ebola qui sévit dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri, région orientale du pays en proie à l'insécurité en raison de la présence de plusieurs groupes armés nationaux et étrangers. Vendredi, le ministre congolais de la Santé, le Dr Oly Ilunga Kalenga, avait affirmé que la dixième épidémie en RDC est la plus grave au monde après celle qui a frappé l'Afrique de l'Ouest en 2014.
L'épidémie de 2014 avait touché plus de 25.000 personnes et tué plus de 11.000 patients, principalement en Guinée, Sierra Leone et au Liberia. La RDC a déjà été touchée par neuf épidémies d'Ebola depuis l’apparition de la maladie sur son sol en 1976.
Région meurtrie par des décennies de guerre dans l'est de la République démocratique du Congo, le Nord-Kivu connaît en ce moment la pire épidémie d'Ebola de l'histoire du pays. Les nombreux groupes armés présents dans la région compliquent la riposte de l’OMS et du ministère de la Santé. La crise pourrait dégénérer.
Depuis le 1er août, date à laquelle l’épidémie a été confirmée, la réponse s’organise et mobilise des agents de l’OMS, du ministère de la Santé, des ONG internationales… La ville de Béni, épicentre de la crise, accueille médecins et spécialistes du virus. Mais la réponse à Ebola est particulièrement complexe au Nord-Kivu, où des groupes armés sèment la terreur et empêchent les équipes médicales d’accéder à certaines zones.
Les Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe djihadiste, mènent des raids meurtriers sur Béni et toute sa région. Les ADF agissent de nuit, en attaquant un village ou un quartier. Tirs de kalachnikovs, de mortiers, coups de machettes… De nombreux habitants sont exécutés, d’autres, enlevés. L’armée congolaise est désemparée et ne parvient pas à mettre fin aux tueries.
Pour protéger les populations et sécuriser les équipes de riposte sanitaire, forces armées du pays et casques bleus de la Monusco ont lancé une opération dans la région de Béni. Son objectif : reprendre les camps ADF et éloigner les combattants de la ville. Mais l’offensive fait de nombreux morts au sein de la coalition : sept casques bleus ont été tués, ainsi que de nombreux membres de l’armée congolaise.
La lutte contre Ebola est une course contre la montre : il faut absolument éviter que la maladie ne se propage rapidement, mais la bataille contre les groupes armés s’annonce longue. Sans accès à ces zones, la situation pourrait bien dégénérer au cours des prochains mois.
Otric N.