La qualité de l'eau, polluée par les nitrates, les métaux lourds et les micros plastiques, est devenue une crise invisible, qui touche pays riches comme pays pauvres, indique la Banque mondiale, dans un rapport publié mardi.
Cette mauvaise qualité de l'eau peut coûter jusqu'à un tiers de la croissance économique potentielle dans les régions les plus touchées, affirme l'institution de développement.
Son président, David Malpass a appelé les gouvernements à prendre des mesures urgentes pour s'attaquer à la pollution de l'eau afin que les pays puissent croître plus vite d'une façon plus durable et équitable.
Le résultat de l’enquête intitulé « Qualité inconnue », démontre que pays riches comme pays pauvres subissent de hauts niveaux de pollution de l'eau: « Il est clair que le statut de pays à haut revenu n'immunise pas contre des problèmes de qualité de l'eau. Non seulement une diminution de la pollution ne va pas de pair avec la croissance économique mais l'éventail de polluants tend à augmenter avec la prospérité d'un pays ».
Ainsi aux Etats-Unis, un millier de nouveaux produits chimiques sont déversés dans l'environnement chaque année soit trois nouveaux types de produits chaque jour.
La Banque mondiale appelle dans ce rapport, à mieux savoir mesurer la qualité de l'eau dans le monde et à ce que cette information soit systématiquement diffusée au public : Les citoyens ne peuvent pas agir s'ils ne sont pas informés de la situation.
Il rappelle que plus de 80% des eaux usées dans le monde -- 95% dans certains pays en développement, sont déversées dans l'environnement sans être traitées : Peu de pays en développement surveillent correctement la qualité de l'eau, déplorent aussi les auteurs.
La Banque mondiale estime qu'il y a un besoin urgent pour d'importants investissements dans des usines de traitement des eaux, spécialement dans les régions très peuplées.
Nitrates, micros plastiques et métaux lourds
Parmi les polluants les plus répandus et dangereux, le document signale l'azote qui, utilisé dans les fertilisants pour l'agriculture, se répand dans les rivières, les lacs et les océans, se transformant en nitrates. Ceux-ci sont responsables d'une destruction de l'oxygène dans l'eau (hypoxie) et de l'apparition de zones mortes.
Les dépôts d'azote oxydé peuvent être fatals aux enfants, affirme le rapport comme dans le cas du syndrome du bébé bleu où trop de nitrates ingérés via l'eau potable entraîne un manque d'oxygène dans le sang.
Une étude menée dans 33 pays en Afrique, en Inde et au Vietnam a montré que les enfants exposés à de hauts niveaux de nitrates pendant leurs trois premières années grandissaient moins : « Une interprétation de ces conclusions, suggère que les subventions pour financer les engrais entraînent des dommages pour la santé humaine qui sont aussi grands, peut-être même plus grands, que les bénéfices qu'ils apportent à l'agriculture… ».
La salinité des eaux dans les zones côtières de faible altitude, sur des terres irriguées et en zone urbaine a aussi des impacts nocifs pour la santé, notamment celle des enfants et des femmes enceintes. Le problème est particulièrement aigu au Bangladesh où 20% de la mortalité infantile dans les régions côtières est attribuée à l'eau salée.
La pollution par les micro-plastiques est aussi détectée désormais dans 80% des sources naturelles, 81% des eaux du robinet municipales et dans 93% des eaux embouteillées, relève encore la Banque mondiale. Elle regrette qu'on ne dispose pas encore de suffisamment d'informations pour déterminer le seuil à partir duquel ces polluants sont inquiétants pour la santé.
Au rang des polluants dangereux figurent aussi les métaux lourds comme l'arsenic qui contamine les eaux de régions où il y a une activité minière comme au Bengale en Inde, dans le nord du Chili ou en Argentine.
N.R.M