Dans un entretien mené par le journaliste Mouhamed Fall et posté sur Facebook, Salif Keita accuse la France de financer les groupes djihadistes qui endeuillent le Mali. Le chanteur s’adresse à la France et aux peuples africains.
« Toutes les attaques sont perpétrées et montées par la France. Parce que la France est un pays esclavagiste. Ils n’ont jamais libéré de colonies. Ils les torturent d’une autre manière. Même les présidents sont obligés de faire ce qu’ils ne veulent pas faire parce que si tu essaies de faire autre chose que ce qu’ils veulent, ou ils t’assassinent, ou ils te tuent, ou ils te font trahir par tes propres compatriotes. Donc, en sorte, les colonies françaises sont torturées », a déclaré le célèbre chanteur malien de renommée internationale.
« Sinon, vous voyez le Ghana ? Regardez le Ghana ! Le Ghana a complètement dit “On n’a pas besoin d’aide”. Regardez le Rwanda qui est entrain de partir. Regardez les autres pays qui sont en train d’émerger mais tant qu’on reste esclaves de la France, évidemment on ne va pas bouger, on ne va pas bouger. » A-t-il ajouté.
Il avoue avoir du respect pour la France, pour les français mais ne nie pas que la France est esclavagiste. « J’ai du respect pour les français, j’adore les français. Ils sont très gentils, ils sont bien, ils sont hospitaliers mais la France est esclavagiste. Elle aime torturer. Et si les français ne sont pas pour quelque chose en Afrique francophone, ça ne se passe pas. »
A la question de savoir s’il n’a pas espoir que ça change avec l’arrivée au pouvoir en France d’Emmanuel Macron qui est arrivé après les indépendances, c’est avec un sourire sarcastique que Salif Keita déclare. « Un français c’est un français, il est président de la France, il est comme les autres… Il est parti humilier, insulté le président Kaboré au Burkina. Un enfant comme ça… » S’indigne le chanteur.
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Il demande ainsi aux présidents africains de croire à l’Afrique et aux africains de soutenir leurs présidents. « Les présidents africains n’arrivent pas à croire à l’Afrique. Et ce que je reproche aux africains aussi, il faut que les africains soient derrière leurs présidents, absolument. Il faut qu’on se mette derrière ces gens-là pour qu’ils se sentent soutenus parce que si tu laisses seul un président, le vent va l’amener mais s’il y a toute une nation qui se met derrière son président, oui ça va changer. Comme ça, les manipulateurs vont se fatiguer, ils vont cesser. Il ne faut pas laisser les présidents sentir qu’ils sont seuls, il faut que la population, les peuples africains soient derrière leurs présidents quand ils prennent des décisions pour leurs pays. » Conclut Salif Keita.
Une autre sortie fracassante
Dans une autre vidéo de près de quatre minutes diffusée en direct sur son Facebook, l’artiste malien, s’adresse au président Ibrahim Boubakar Keïta. En bambara (la langue locale), le chanteur Salif Keita lui demande de ne plus obéir à son homologue français Emmanuel Macron et accuse la France de financer les djihadistes.
« Si tu as peur de dire la vérité à la France, (…) quitte le pouvoir, celui qui n'a pas peur le prendra, tu passes ton temps à te soumettre à ce petit Emmanuel Macron, c'est un gamin. (…) Tu n'es pas au courant que c'est la France qui finance nos ennemis contre nos enfants ? » Déclare l’artiste. Son message intervient alors que la situation sécuritaire se dégrade dans le nord notamment, où les attaques djihadistes ont fait des dizaines de morts dans les rangs de l'armée malienne.
Réaction de l'ambassade de France au Mali
Suite à la sortie de Salif Keita, dans un communiqué publié sur sa page Facebook, l’ambassade de France au Mali a réagi. Le communiqué publié le 15 novembre exprime d’abord l'étonnement face aux propos de l'artiste malien diffusés la veille sur ce même réseau social. Paris dénonce avec la plus grande fermeté des propos au caractère « infondé, diffamatoire et outrancier ». L'Ambassade de France au Mali insiste notamment sur la nécessité de contrôler la véracité des informations circulant sur la place publique.
« De tels discours font le jeu de ceux qui cherchent à semer la discorde et entretenir le chaos. Ils sont également une offense à la mémoire des civils et militaires, maliens, français et internationaux, victimes de la barbarie terroriste au Mali », indique le communiqué.
En tout cas, une chose est sûre c’est que le Mali comme beaucoup d’autres pays africain va mal…
Danielle Ngono Efondo