La coalition formée autour de Félix Tshisekedi, Cap pour le changement (Cach), a pris acte du report au 30 décembre des élections présidentielle, législatives et provinciales. Mais a prévenu qu’elle n'acceptera pas un autre report, même d'un jour.
C’est dans une ambiance survoltée et, devant plusieurs dizaines de militants, que la coalition de l’opposition qui porte la candidature de Félix Tshisekedi a livré sa première réaction officielle depuis l’annonce par la Ceni du report des élections présidentielles, législatives et provinciale. Son directeur de campagne, Vital Kamerhe a invité les médias, pour une conférence de presse qui avait des airs de meeting politique.
Une estrade a été installée devant des locaux de l’Union pour la démocratique et le progrès social (UDPS) à Kinshasa. Avant que les orateurs ne se succèdent au micro, une foule de militants patiente en scandant des chants hostiles à la Ceni, au régime en place et aux leaders de Lamuka, la coalition de l’opposition qui porte la candidature de Martin Fayulu.
Quand il apparaît à la tribune, sous un soleil accablant, Félix Tshisekedi fait face à une foule chauffée à blanc, qui entonne des chants à sa gloire et à celle de Vital Kamerhe, avec lequel il forme le ticket dans cette campagne.
Jean-Marc Kabund, secrétaire général de l’UDPS, prend la parole au nom du Cap pour le changement et, condamne la décision de la CPI : « Je condamne avec la dernière énergie cette énième forfaiture de Joseph Kabila qui grippe le processus électoral pour se maintenir illégalement au pouvoir… la coalition met sévèrement en garde Joseph Kabila et prévient qu’il n’acceptera pas un autre report, même d’un jour ».
Un avertissement qui, de fait, prend acte du report au 30 décembre. Jean-Marc Kabund a cependant insisté sur le fait que la plateforme avait l’intention de poursuivre sa campagne jusqu’au 28 décembre, à minuit, conformément à la loi électorale qui consacre la fin de la campagne 24 heures avant le scrutin.
Une option qui avait été écartée la veille par Corneille Nangaa, président de la Ceni, insistant sur le fait que la campagne ne serait pas prolongée malgré le report des scrutins. « Corneille Nangaa ne fait pas les lois dans ce pays », a réagi devant la presse et les militants Jean-Baudouin Mayo, secrétaire général de l’Union pour la nation congolaise (UNC, de Vital Kamerhe), avant de dire ses doutes quant à la tenue du scrutin à la date indiquée : « Même le 30 décembre, il n’y aura pas d’élections », a-t-il glissé.
Jean-Marc Tabund s’est ensuite fait menaçant à l’adresse du pouvoir, en cas de nouveau report après le 30 décembre : « Kabila a brûlé les machines. Ce report de sept jours constitue son dernier retranchement. Nous allons le cueillir comme une mangue mûre. Il y a élections le 30 décembre : vous allez voter tous pour le cap pour le changement. Il n’y a pas élections : nous vous appelons tous à une mobilisation générale jusqu’au départ de Joseph Kabila ».
Le Conseil national de suivi de l’accord (CNSA) dit de la Saint-Sylvestre, conclu fin 2016 entre le pouvoir et l’opposition en vue de la tenue des élections a pour sa part réclamé ce vendredi à la commission électorale d’autoriser une campagne de sensibilisation électorale du 22 au 28 décembre 2018, en vue de permettre aux candidats de garder contact avec leurs bases respectives.
L’institution, dirigée par Joseph Olengankoy, un ancien allié de l’UDPS, recommande au pouvoir de solliciter un appui logistique extérieur, en vue d’éviter d’autres désagréments sur la tenue des élections le 30 décembre.
Nicole Ricci Minyem