Le conseil militaire au pouvoir au Soudan a affirmé hier jeudi, avoir déjoué une tentative de coup d'État et avoir procédé à des arrestations. Cette annonce est survenue alors qu’une rencontre entre des représentants du Conseil militaire et des meneurs de la contestation se tenait à Khartoum, pour finaliser les termes d’un accord sur la transition.
Jeudi 11 juillet, un représentant du Conseil militaire au pouvoir depuis la chute d’Omar Al-Bechir en avril dernier a annoncé qu’une « tentative de coup d’Etat » a été déjouée au Soudan. « Des officiers et des soldats de l’armée ainsi que des membres des Services nationaux de renseignements, dont certains retraités, ont tenté de mener un coup », a déclaré dans la soirée le général Jamal Omar, dans une allocution retransmise en direct à la télévision nationale.
« L’armée a réussi à déjouer la tentative », s’est-il félicité Jamal Omar. Ajoutant que douze officiers et quatre soldats avaient été arrêtés, sans toutefois préciser quand cette tentative avait eu lieu. « Une enquête est en cours pour déterminer qui était derrière le coup », a précisé le général.
Cette annonce est survenue alors qu’une rencontre entre des représentants du Conseil militaire et des meneurs de la contestation se tenait à Khartoum, pour finaliser les termes d’un accord sur la transition. « Il s’agit d’une tentative de bloquer l’accord conclu entre le Conseil militaire de transition et l’Alliance pour la liberté et le changement, qui vise à ouvrir la voie vers la réalisation des demandes du peuple soudanais », a déclaré le général Omar.
Selon ce général, l’objectif était de s’opposer à l’accord de partage du pouvoir conclu la semaine dernière entre l’armée et l’opposition. Un accord dont le texte final a été présenté hier soir aux deux délégations. Et qui devrait être signé dans les jours qui viennent.
Pour le correspondant de RFI en Afrique de l'Est, Sébastien Németh, l'annonce de cette tentative de putsch est à prendre avec « beaucoup de prudence ». « Les putschistes au pouvoir ont déjà fait des annonces similaires notamment il y a un mois. Ils parlaient à l'époque de 70 soldats interpellés sans jamais donner de preuve. » A déclaré le journaliste.
« Si l'information était toutefois confirmée, « ce serait une demi-surprise ». On sait que depuis le début de cette crise, l'armée soudanaise est divisée. Certains soldats, notamment subalternes, sont plutôt favorables à la révolution civile. Et une partie de l’armée, notamment l’armée régulière, ne voit pas forcément d'un bon œil la montée en puissance des Forces de soutien rapide (FSR). Cette milice paramilitaire de plusieurs milliers d’hommes est composée d'anciens janjawids, des miliciens coupables de beaucoup de crimes au Darfour. Ce sont ces FSR qui sont les plus visibles à Khartoum et qui commettent le plus d’exactions depuis la chute d’Omar El-Béchir. Ce sont eux qui sont accusés d'avoir démantelé le cœur de la révolution dans la capitale le 3 juin et d'avoir massacré plus d'une centaine de civils ce jour-là. Une brutalité qui ne plait pas forcément au reste des forces soudanaises. » Poursuis le journaliste Sébastien Németh.
Rappelons que, c’est en décembre 2018 à la suite de l’augmentation des prix du pain, que la révolution soudanaise a emporté en avril dernier le dirigeant de longue date Omar El-Béchir. Et depuis son départ, sa succession fait l’objet de discussions laborieuses entre la contestation et les dirigeants militaires au pouvoir. Depuis le 3 juin, la répression a fait 136 morts, dont une centaine dans la seule dispersion d’un sit-in, selon un comité de médecins proche de la contestation. Les autorités parlent de 71 morts.
Danielle Ngono Efondo