Le ministre congolais des Affaires étrangères, Léonard She Okitundu, a donné 48 heures à l’Union européenne pour rappeler son ambassadeur à Kinshasa. Cette « mesure de rétorsion » intervient suite au renouvellement des sanctions de l’UE contre Kinshasa, le 10 décembre.
Le Belge Bart Ouvry va devoir faire ses valises en catastrophe. Le gouvernement congolais a en effet donné 48 heures à l’Union européenne (UE) pour rappeler son ambassadeur à Kinshasa.
Cette « mesure de rétorsion » a été annoncée à Kinshasa, jeudi 27 décembre, par le ministre des Affaires étrangère, Léonard She Okitundu – trois jours avant les élections cruciales censées se tenir le 30 décembre. Sa déclaration a été lue devant les ambassadeurs accrédités à Kinshasa et devant la presse.
Expulsion déguisée
Il l’a justifiée par le « principe de réciprocité », suite au renouvellement pour un an, le 10 décembre, des sanctions individuelles de l’UE contre plusieurs dignitaires du régime de Kinshasa, dont Emmanuel Ramazani Shadary, le candidat de la majorité présidentielle. « C’est une manière diplomatique de dire qu’on l’expulse », souffle une source officielle congolaise.
« J’ai prévenu le Conseil de l’Union Européenne, il y a trois semaines, qu’il fallait qu’ils retirent leurs sanctions avant les élections, a expliqué Léonard She Okitundu. Mais les Européens ont fait ce qu’ils appellent une « reconduction technique », promettant de réexaminer le dossier après les élections. Pour nous, ce réexamen est un non-événement. Nous avons déjà été trop patients ».
Ingérence
Dans sa déclaration, le ministre congolais des Affaires étrangères a par ailleurs estimé que cette mesure sanctionnait « le comportement répréhensible de l’intéressé ». « Il faisait preuve d’activisme aux côtés de l’opposition et de la société civile, en particulier l’Église catholique, ce qui représentait une ingérence », explique Barnabé Kikaya bin Karubi, le conseiller diplomatique du président Joseph Kabila.
« Nous ne pouvons que dénoncer cette décision injuste de l’UE qui risque de mettre de l’huile sur le feu en RDC. Car l’opposition commence déjà à s’en prévaloir pour tenter de discréditer notre candidat, faisant ainsi de l’UE juge et partie… », pense aussi Jean Claude Mokeni, rapporteur de la cellule diplomatique au sein de l’équipe de campagne de Ramazani Shadary et président de la commission des Affaires étrangères au Sénat congolais. Léonard She Okitundu a par ailleurs indiqué que de nouvelles mesures de rétorsion vis-à-vis de l’UE seraient annoncées au fur et à mesure.
Les reproches faits à l’ambassadeur de l’Union Européenne
Il lui a été à plusieurs reprises reproché les mesures restrictives prises contre la République Démocratique du Congo, des sanctions individuelles quatorze proches du Président Joseph Kabila, comme le gel des avoirs et l’interdiction de visa pour l’Union Européenne. Il est resté ferme sur ses décisions. Parmi les personnes touchées par ces mesures, Emmanuel Ramazani Shadary, le candidat de la coalition au pouvoir pour l’élection présidentielle en cours. Le diplomate lui reproche des entraves au processus électoral ainsi que des violations des droits de l’homme, quand il occupait le poste de vice – premier ministre et ministre en charge de l’intérieur.
Nicole Ricci Minyem