Les représentants de l’administration ont été sommé samedi dernier, de quitter les villes du pays concédées aux ex rebelles de la séléka. Ils ont reçu un délai de 48 heures, au lendemain de la destitution de Karim Meckassaoua. Sur les ondes de Radio France Internationale, Abdoulaye Hisseine, leader de ce groupuscule et actuel président du conseil national de défense et de sécurité, une formation militaire qui compte les anciens rebelles a affirmé que « Les représentants de l’État en poste dans les zones occupées par les groupes armés de l’ex-Séléka ont 48 heures pour partir de ces zones ».
Il a poursuivi en ces termes « La destitution de Karim Meckassoua est illégale. Il n’a commis aucune faute grave qui justifie qu’il soit destitué par ses pairs… »
Une source proche du parlement quant à elle, précise que ses agitations ne sont pas fondées. Ils sont entrain d’en faire une affaire chrétienne – musulman alors que cela relève uniquement de l’intérêt politique.
Ange-Maxime Kazagui, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement en République Centrafricaine précise que « Ceux qui ont entamé la procédure de destitution ont évoqué des problèmes de gestion. À aucun moment la question confessionnelle n’a été évoquée. La démocratie a joué son rôle à l’Assemblée, nous déplorons que certains saisissent cette opportunité pour remettre en cause le dialogue et la cohésion sociale ».
Depuis 2013, le gouvernement centrafricain ne contrôle presque plus rien. Ce pays de 4,5 millions d’habitants, classé parmi les plus pauvres au monde, malgré son diamant, son or et son uranium est dirigé par des groupements armés. L’élection de Karim Meckassoua, comme président de l’assemblée nationale en 2016, était apparu comme une volonté de conciliation entre rebelles de la coalition Séléka à dominante musulmane et groupes antibalaka prétendant défendre les chrétiens du Sud. Un arrangement qui a semblé plaire à tout le gratin politique, d’autant plus que la présidence du pays avait été accordée à Faustin-Archange Touadéra. Malheureusement, les deux personnalités n’ont jamais pu s’accorder sur la meilleure façon de diriger leur pays. Les tensions entre eux, étaient palpables. Ce que certains ont déploré à cause du parfum de communautarisme qui semble prévaloir dans ce pays en lieu et place d’une réelle fondation politique.
Au courant de la semaine qui s’est écoulée, des centaines de manifestants avaient manifesté devant les portes du quartier général de la mission de l’Organisation des Nations Unies dans ce pays pour protester contre la décision des élus du peuple. Des tirs sporadiques avaient été entendus vendredi dans la soirée à Bria et Bambari, deux villes où sont présents des groupes armés liés au CNDS, selon l’ONU, sans qu’un lien clair puisse être établi avec la destitution de Karim Meckassoua.
Des sources sécuritaires ont également parlé des tirs contre un check-point de la Minusca situé sur l’axe Bambari-Alindao, fort heureusement, l’on n’a jusqu’ici, déploré aucune victime.
Karim Meckassoua est le député du troisième arrondissement de la capitale, Bangui, qui comprend le PK5, le quartier abritant la majorité des musulmans de Bangui.
Nicole Ricci Minyem