Cette décision de l’Elysées fait suite au rapport portant sur la restitution des biens culturels africains, rédigé par l'universitaire Felwine Sarr et l'historienne Bénédicte Savoy.
Au soir du vendredi 23 novembre 2018, par un communiqué rendu public, l’Elysées a annoncé la restitution de 26 œuvres d’art au Bénin. Il s’agit, apprend-on, des prises de guerre du Général Dodds dans le palais de Béhanzin, après les sanglants combats de 1892. La question qui se pose est de savoir comment cela peut-il être possible étant donné que l'on sait que la loi française ne permet pas pour l'heure les restitutions.
Toutefois,: le rapport de Felwine Sarr et de Bénédicte Savoy a eu un impact sur la décision prise par Emmanuel Macron le Président de la République de France. Notre confrère de Radio France Internationale (RFI) qui a consulté le document de plus de 200 pages rapporte que Sarr et Savoy y indiquent qu’elles ont été missionnées par le Président de la République française pour réfléchir sur des restitutions définitives et temporaires.
«Mais pour eux, la notion de «restitution temporaire» est ambiguë. Cette formulation, disent-ils, ouvre la porte à des débats d'interprétation. Ce rapport «explore et défend le chemin qui mène aux restitutions permanentes». D'après Bénédicte Savoy et Felwine Sarr, 90 000 objets provenant d'Afrique subsaharienne se trouvent actuellement dans les collections publiques françaises, dont 70 000 au musée du Quai Branly à Paris. Les 20 000 autres sont réparties dans d'autres musées ou villes portuaires françaises (Cherbourg, Le Havre, La Rochelle, Bordeaux, Nantes, Marseille)», relate RFI.
Le rapport baptisé Sarr et Savoy précise les types d’objets d’art à restituer. Il y a ceux qui ont été saisis dans le cadre d'agressions militaires, la condition étant que leur acquisition soit antérieure à l'adoption en 1899 des premières conventions de la Haye codifiant les lois de la guerre. Il y a les objets réquisitionnés durant la période coloniale (1885-1960) par des militaires, des administrateurs ou leurs descendants. On retrouve les objets pris ou achetés de force lors des grandes expéditions scientifiques françaises en Afrique au 20e siècle. Et les objets acquis illégalement après les indépendances, notamment par le biais de trafics.
Après l’avoir déposé, les deux experts n’ont pas caché leur assurance quant à l’impact qu’il aura dans la suite de l’affaire. Et deux heures après l’avoir fait, l’Elysées a publié ce communiqué portant sur la restitution de 26 œuvres d’art au Bénin: «Cette annonce de restitution d’objets pris lors d’un pillage militaire pendant l’époque coloniale, c’est une restitution historique et on peut presque comparer ça à la chute du mur de Berlin», a déclaré Bénédicte Savoy. «C’est vraiment un moment historique parce que l’histoire est en train de se mettre en marche au présent. Et ce qui se joue est absolument fondamental d’un point de vue symbolique», a ajouté Felwine Sarr, qui pense que cette action va avoir un impact dans les autres champs de la relation.
Il convient de rappeler que le Président français avait annoncé, le 28 novembre 2017, à Ouagadougou la mise en œuvre dans un délai de 5 ans de restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain, reconnaissant l’anomalie que constitue sa quasi-absence en Afrique subsaharienne.
Liliane N.