C’est du moins ce que pense l’armée de ce pays qui accuse par ailleurs cet organisme de fournir aux hors la loi, de la nourriture et les médicaments dans les zones du Nord – Est
Malgré les nombreuses mises en garde des responsables militaires, qui font face à une insurrection permanente dans cette région située dans le Nord – Est, l’ONG française a semblé faire la sourde oreille, ce qui a conduit à la fermeture de leurs bureaux.
Pour expliquer leur décision, le colonel Isa Ado, une autorité militaire nigériane a rédigé un communiqué : « Les activités subversives de l’ONG Action contre la faim ont persisté malgré plusieurs avertissements pour qu’elle cesse d’aider et d’encourager les terroristes et leurs atrocités… ».
Le porte-parole de l’opération Lafiya Dole, en charge de la lutte contre les groupes jihadistes dans le nord-est, a lui aussi dénoncé « les pratiques malsaines » de certaines ONG sur les théâtres d’opération.
« ACF est déclarée persona non grata, pour avoir aidé les terroristes de Boko haram/Iswap (Etat islamique en Afrique de l’Ouest), en leur fournissant nourriture et médicaments », a-t-il poursuivi.
Sans préavis et sans donner d’autres explications, des camions de l’armée ont obligé le personnel de l’ONG à évacuer et fermer leurs bureaux à Maiduguri, la capitale de l’Etat de Borno ainsi qu‘à Damaturu, dans l’Etat voisin de Yobe.
De son côté, le directeur pour le Nigeria d’ACF, Shashwat Saraf, a confirmé la fermeture de ses bureaux dans une interview accordée à la presse locale : «Nous sommes très surpris. Pour l’instant, nous n’avons toujours aucune information ».
L’aide humanitaire compromise ?
L’ONG répond par l’affirmative. Répondant elle aussi par un communiqué, les responsables expliquent que « cette décision compromet l’aide apportée par ACF aux plus vulnérables de l’Etat du Borno et force à suspendre immédiatement ses programmes touchant plusieurs millions de personnes ».
Le bras de fer existe depuis des lustres
Les relations entre l’armée nigériane et les ONG ont toujours été émaillées de tensions dans le nord-est du Nigeria, où l’insurrection jihadiste et sa répression ont fait plus de 35.000 morts en 10 ans.
En juillet dernier, six employés d’ACF, dont des contractuels, avaient été enlevés par l’ISWAP, la branche de Boko Haram affiliée au Groupe Etat islamique, alors qu’ils rentraient à leur base de Damaturu.
Une source humanitaire basée dans la région a confié à l’AFP que ces fermetures soudaines pouvaient être liées avec les négociations menées pour faire libérer les otages, toujours entre les mains de l’ISWAP.
Nicole Ricci Minyem