Le président américain a promis lundi de restaurer l’ordre dans une Amérique en proie à un déferlement de colère historique, si les villes et les Etats ne faisaient cesser les violences.
Face aux troubles s’ajoutant à la pandémie du Covid 19, Donald Trump a annoncé d’un ton martial le déploiement de « milliers de soldats lourdement armés » et policiers à Washington pour mettre un terme « aux émeutes » et « aux pillages ». Il a jugé que les troubles de la veille dans la capitale fédérale étaient « une honte ».
Appelant les gouverneurs à agir vite et fort pour « dominer les rues » et briser la spirale des violences, il leur a lancé une mise en garde : « Si une ville ou un Etat refuse de prendre les décisions nécessaires pour défendre la vie et les biens de ses résidents, je déploierai l’armée américaine pour régler rapidement le problème à leur place », a-t-il lancé, dénonçant des actes de « terrorisme intérieur ».
Une autopsie indépendante conclut à la mort par asphyxie
Par dizaines voire centaines de milliers, des Américains ont manifesté samedi et dimanche contre les brutalités policières, le racisme et les inégalités sociales, exacerbées par la crise du Covid-19.
La première ville du pays, New York, a annoncé doubler la présence de ses forces de police et instaurer un couvre-feu de 23h lundi à 5h mardi. De Boston à Los Angeles, de Philadelphie à Seattle, le mouvement de protestation s’est exprimé de façon majoritairement pacifique le jour, mais a aussi donné lieu à des embrasements nocturnes et des destructions à grande échelle.
A l’origine de la colère figure le calvaire subi par George Floyd, qui lors de son interpellation a suffoqué, menotté et gisant par terre, sous le genou d’un policier, dont les collègues sont demeurés passifs. George Floyd est mort asphyxié en raison d’une « pression forte et prolongée » exercée sur son cou et sa cage thoracique, a affirmé lundi Ben Crump, l’avocat de la famille de la victime, en révélant les résultats d’une autopsie indépendante. L’autopsie officielle, rendue publique dans la foulée, a également conclu à une pression létale au niveau du cou de l’Afro-Américain, ayant causé l’arrêt de son cœur.
Ni le renvoi de l’agent coupable de la bavure, Derek Chauvin, ni son arrestation postérieure n’ont calmé les esprits, bien au contraire : les protestations se sont propagées dans au moins 140 villes américaines. Face aux affrontements mêlant manifestants, casseurs et forces antiémeute, les soldats de la Garde nationale ont été déployés dans plus de deux douzaines de métropoles, dans un climat de tension inédit depuis les années 1960.
Milliers d’interpellations
Une réponse sécuritaire d’ampleur qui s’est accompagnée d’un recours à des véhicules blindés de transport de troupes, à l’utilisation de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc. Chicago, Denver, Los Angeles, Salt Lake City, Cleveland, Dallas, Indianapolis : une à une les métropoles américaines ont décidé d’imposer un couvre-feu à leurs habitants. A Washington, l’heure de celui-ci a été avancée lundi à 19h. A Los Angeles, à 18h.
Le président Trump, confronté aux désordres civils les plus graves de son mandat, a accusé son rival démocrate à la présidentielle de novembre, Joe Biden, d’œuvrer à la sortie de prison des fauteurs de troubles. Les forces de l’ordre ont procédé à des milliers d’interpellations.
Joe Biden, 77ans, le visage couvert d’un masque, s’est lui rendu lundi dans l’église d’une paroisse noire de son Etat du Delaware pour y rencontrer des responsables locaux. L’ancien vice-président de Barack Obama compte sur cet électorat pour remporter la Maison-Blanche.
Une réserve d’électeurs qui a appris à scander « Black Lives Matter » (« La vie des Noirs compte ») et « I can’t breathe » («Je ne peux pas respirer »), les derniers mots de George Floyd.
Auparavant, il a fait ce tweet : « Il utilise l’armée américaine contre les Américains. Il envoie du gaz lacrymogène contre des manifestants pacifiques et tire des balles en caoutchouc. Pour une photo… Pour nos enfants, pour l’âme même de notre pays, nous devons absolument le battre. Mais je le crois fermement : nous ne pouvons le faire qu’ensemble.
N.R.M