Depuis 2015, des violences se sont propagées du nord au centre du Mali, voire parfois au sud. Dans la nuit de dimanche à lundi, Des hommes armés ont fait irruption et tué près de 100 personnes dans un village dogon du centre du Mali, d'après un élu local et une source sécuritaire malienne.
« Nous avons pour le moment 95 civils tués, les corps sont calcinés, nous continuons de chercher des corps », a déclaré sous anonymat un élu de la commune de Koundou (cercle de Koro), où se situe ce village. « Selon les civils, ce sont des hommes armés qui sont venus tirer, piller et brûler. C'est un village de 300 habitants. C'est vraiment la désolation », a ajouté cette source. « C'est un village dogon qui a été quasiment rasé. Nous sommes sur le terrain avec des élus, nous avons déjà compté 95 civils tués », a pour sa part indiqué une source sécuritaire malienne.
Cette attaque, fait suite au massacre le 23 mars à Ogassogou de quelque 160 Peuls attribuée à des chasseurs dogons dans cette région, proche de la frontière avec le Burkina Faso. Les auteurs du massacre ne sont pas connus mais cette région du Mali est, depuis 2015, le théâtre d'affrontements entre les Peuls, traditionnellement éleveurs, et les ethnies bambara et dogon, qui pratiquent essentiellement l'agriculture et ont créé leurs groupes d'autodéfense. L'apparition du groupe jihadiste du prédicateur Amadou Koufa, qui recrute prioritairement parmi les Peuls, joue aussi un rôle dans ces attaques.
« Ce n’est pas à un cycle de vengeance, que ce pays doit être conduit », a déclaré à la télévision publique ORTM le président malien, en Suisse pour le centenaire de l’Organisation internationale du travail (OIT), annonçant qu’il écourtait son séjour.
Selon AFP, ces violences se sont propagées du nord au centre du pays, voire parfois au sud. Elles se concentrent surtout dans le centre, se mêlant très souvent à des conflits intercommunautaires, un phénomène que connaissent également le Burkina Faso et le Niger voisins.
Elles ont culminé le 23 mars avec le massacre à Ogossagou, près de la frontière burkinabè, de quelque 160 villageois peuls par des membres présumés de groupes de chasseurs dogon. Depuis janvier 2018, la division des droits de l’homme et de la protection de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma) a documenté 91 violations des droits de l’homme commises par des chasseurs traditionnels contre des membres civils de la population peul, dans les régions de Mopti et de Ségou, ayant fait au moins 488 morts et 110 blessés, a indiqué le 16 mai la Minusma lors d’un point de presse.
Inversement, des groupes armés d’autodéfense de la communauté peule ont commis 67 violations des droits de l’homme contre la population civile de la région de Mopti dans la même période, ayant causé 63 morts et 19 blessés, selon la même source.
Danielle Ngono Efondo