Il n’est pas possible de donner avec exactitude, le chiffre exact des personnes qui ont été tuées entre mardi et mercredi par des jihadistes présumés dans la région de Ménaka, dans le nord-est du Mali, près de la frontière nigérienne.
« Entre la nuit du 10 et la matinée du 11 Décembre dernier, des bandits armés sur plus de vingt motos ont fait irruption dans plusieurs localités au sud de la région de Ménaka et ont exécuté des civils de la communauté Idaksahak » selon les informations rendues public à travers un communiqué du Mouvement pour le salut de l'Azawad. Même si on parle de près de 50 morts.
Les assaillants après leur forfait, sont repartis vers la frontière
nigérienne après avoir allumé un feu de brousse, a ajouté ce groupe
principalement touareg soutenant la force française Barkhane et
l'armée malienne, qui affronte régulièrement dans la région des
jihadistes ayant prêté allégeance au groupe Etat islamique (EI).
Plusieurs centaines de personnes, dont de nombreux civils, appartenant
surtout aux communautés peule et touareg, ont péri depuis le début de
l'année dans cette région.
Des élus locaux ont confirmé l'attaque, évoquant entre une vingtaine
et plusieurs dizaines de tués. L’un des parlementaires venu de la
région de Ménaka a confirmé que les assaillants étaient venus de la
frontière nigérienne et repartis dans cette direction. Cependant, il a
indiqué qu’il est incapable de se prononcer sur le bilan parce que
lorsque l'armée malienne s'est rendue sur les lieux, les corps étaient
déjà enterrés par des combattants du Mouvement pour le salut de
l'Azawad.
Un autre élu local, qui affirme avoir pu brièvement parler avec un
blessé transféré à Ménaka, a accusé les assaillants d'avoir tiré sur
tous les civils rencontrés dans les campements : «Je ne sais pas s'il
y a quarante morts. Le blessé m'a dit que dans son campement, ils
étaient sept ».
- La Mission de l'ONU au Mali (Minusma) a condamné sur Twitter "les
faits collectés concernant cette série d'attaques", sans donner
d'estimation chiffrée
Conformément à son mandat, la Minusma déploie une équipe spéciale
d'enquête des droits de l'Homme pour établir les faits ainsi que les
circonstances de l'exécution des civils dans ces localités et situer
les responsabilités. Les autorités maliennes ont été invitées à
enquêter sur ces incidents et à traduire les responsables en justice.
Dans un rapport remis au Conseil de sécurité de l'ONU en août, un
groupe d'experts souligne que les conflits entre communautés de la
région, pour les postes de pouvoir, le contrôle d'axes commerciaux ou
de contrebande, les pâturages et l'accès aux puits, exacerbent les
tensions dues aux affrontements entre jihadistes et forces
internationales et maliennes.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de
groupes jihadistes liés à Al-Qaïda, à la faveur de la déroute de
l'armée face à la rébellion à dominante touareg, d'abord alliée à ces
groupes qui l'ont ensuite évincée. Ces groupes en ont été en grande
partie chassés ou dispersés à la suite du lancement en janvier 2013, à
l'initiative de la France, d'une intervention militaire, qui se
poursuit actuellement.
Mais des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes,
françaises et de l'ONU, régulièrement visées par des attaques
meurtrières, malgré la signature en 2015 d'un accord de paix censé
isoler définitivement les assaillants. Et, c’est au cours de cette
même année que ces attaques se sont étendues au centre et au sud du
Mali et le phénomène déborde sur les pays voisins, en particulier le
Burkina Faso et le Niger, se mêlant souvent à des conflits
intercommunautaires.
Nicole Ricci Minyem