Dès les premières heures de ce lundi, les membres du gouvernement turc ont commencé l’expulsion les étrangers du groupe Etat islamique (EI), annonçant le renvoi d’un djihadiste américain. La prochaine expulsion concerne 24 autres terroristes, dont 11 Français et 10 Allemands.
Ces renvois surviennent dans la foulée d'une offensive menée par la Turquie dans le nord-est de la Syrie, vivement critiquée par l'Occident car elle a visé les forces kurdes alliées de la Coalition internationale dans la lutte contre les djihadistes : « Un terroriste étranger américain a été déporté de Turquie après que toutes les démarches ont été complétées », a déclaré le porte-parole du ministère Ismail Catakli, sans préciser vers quelle destination. Selon lui deux autres djihadistes, l’un allemand et le second de nationalité danoise, devraient également être renvoyés ce lundi vers leur pays.
De nombreux autres sont en cours
Sept autres « terroristes étrangers d’origine allemande seront déportés jeudi », a-t-il ajouté, cité par l’agence étatique Anadolu. Des démarches sont en cours en vue du prochain renvoi de 15 autres djihadistes : 11 Français, deux Allemands et deux Irlandais, selon la même source.
A Paris, le Quai d'Orsay a rappelé que des djihadistes et leurs familles sont régulièrement renvoyés en France depuis la Turquie et arrêtés à leur descente d'avion : «La plupart du temps secrètement, l'information ne sort pas ou beaucoup plus tard», souligne-t-on au ministère.
Ces expulsions avaient été annoncées en fin de semaine dernière, par le ministre turc de l’intérieur, Süleyman Soylu : « Pas besoin de courir dans tous les sens. Nous allons renvoyer les membres de l’EI. Ils sont à vous, faites-en ce que vous voudrez », avait-il ajouté. Le ministre turc n’avait pas précisé quels étaient les pays concernés par cette mesure, mais s’était notamment adressé à l'« Europe » pendant son discours.
287 évadés capturés
Longtemps soupçonnée d’avoir laissé les djihadistes traverser sa frontière pour rejoindre la Syrie, après le début du conflit qui déchire ce pays depuis 2011, la Turquie, frappée par plusieurs attentats commis par l’EI, a rejoint en 2015 la coalition antidjihadiste. Mais Ankara a été accusée ces dernières semaines d’affaiblir la lutte contre les éléments dispersés de l’EI en lançant, le 9 octobre, une offensive contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), fer de lance du combat contre l’organisation djihadiste.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a indiqué en fin de semaine dernière que la Turquie avait capturé 287 personnes qui s’étaient échappées de prison pour membres de l’EI en Syrie après le déclenchement de l’offensive d’Ankara.
Nicole Ricci Minyem