C’est un grand hommage pour cette île de la mer des caraïbes. La musique reggae de Jamaïque a été inscrite jeudi sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’Humanité par un comité spécialisé de l’Unesco réuni à Port-Louis, capitale de l’Ile Maurice.
En prenant cette décision, L’Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco), a souligné la contribution de cette musique à la prise de conscience internationale sur les questions d’injustice, de résistance, d’amour et d’humanité, grâce à des artistes comme Bob Marley.
Le reggae rejoint ainsi la liste de quelques quatre cent traditions culturelles : chants, danses, spécialités gastronomiques ou célébrations, allant de la pizza napolitaine au zaouli, musique et danse des communautés gouro de Côte d'Ivoire. Le comité ad hoc de l’Unesco, qui se réunit jusqu’à samedi va encore examiner 40 demandes d’inscription.
Berceau de la parfumerie mondiale, Grasse (Alpes-Maritimes) avait obtenu mercredi l’inscription par l’Unesco de ses savoir – faire liés au parfum du patrimoine culturel immatériel de l’Humanité, l’aboutissement d’une procédure entamée il y a une dizaine d’années dont les acteurs locaux espèrent beaucoup.
Le reggae a émergé à la fin des années 1960
Le reggae, dont la candidature a été portée par la Jamaïque, émerge à la fin des années 1960. C’est un style musical issu du ska et du rocksteady qui a aussi intégré des influences du jazz et blues d’Amérique.
La musique est vite devenue populaire aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, importée par les nombreux immigrés jamaïcains après la Seconde Guerre mondiale. Elle s’est souvent revendiquée comme la musique des opprimés, abordant des questions sociales et politiques, la prison et les inégalités.
Le reggae est indissociable du rastafarisme, mouvement spirituel qui sacralise l’empereur éthiopien Haïlé Sélassié et promeut l’usage de la ganja, ou marijuana.
Succès mondial grâce à Bob Marley
En 1968 la chanson « Do the Reggay » de Toots and the Maytals a été la première à utiliser le nom de reggae, qui a connu un grand succès mondial grâce à des classiques de Bob Marley et son groupe the Wailers comme « No Woman, No Cry » et « Stir It Up. »
Bob Marley : « No Woman, No Cry »
« Le reggae est exclusivement jamaïcain », a commenté Olivia Grange, la ministre de la Culture de cette île caribéenne, avant le vote : « C’est une musique que nous avons créée qui a pénétré partout dans le monde… ».
Bob Marley : « Could You Be Loved »
À la différence de celle du patrimoine mondial, les choix effectués par cette liste ne sont pas établis selon des critères « d’excellence ou d’exclusivité ». La liste du patrimoine culturel immatériel de l’Humanité ne cherche pas à réunir le patrimoine « le plus beau », mais à représenter la diversité du patrimoine culturel immatériel, à mettre en lumière des savoir-faire portés par des communautés, rappelle-t-on à l’Unesco.
Nicole Ricci Minyem