Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a relativisé les inquiétudes liées à la dette de l'Afrique à l'égard de la Chine, à son arrivée jeudi en Ethiopie, première étape d'une tournée dans quatre pays africains.
La Chine a énormément investi ces dernières années dans des projets d'infrastructures sur le continent africain, dont de nombreux dirigeants voient dans Pékin un meilleur partenaire commercial que les pays occidentaux.
Cela se voit sur le terrain. La Chine a changé la donne dans nombre de pays africains en finançant à coups de milliards les infrastructures souhaitées par ces derniers pour se mettre sur le sentier de «l'émergence». Seul hic, et de taille : les prêts chinois ont gonflé le service de la dette de beaucoup de pays au point que le Fonds monétaire international s'est senti obligé d'attirer leur attention sur cette réalité.
Alors qu'en cinq ans, les investissements directs cumulés du géant asiatique dans les pays concernés ont dépassé 60 milliards de dollars et que la valeur des projets signés par des entreprises chinoises a atteint plus de 500 milliards, l'institution de Bretton Woods précise que ces partenariats peuvent, du fait de leur impact sur le niveau d'endettement, limiter les moyens et dépenses vers certains autres fronts prioritaires en raison des frais liés aux intérêts de ces prêts. Comme le disait récemment sa directrice générale Christine Lagarde: «Ce n'est pas un repas gratuit».
- Wang a évacué les inquiétudes, souvent exprimées par ces derniers, selon lesquelles la dette à l'égard de Pékin ne serait pas tenable à long terme pour les États africains. «De manière générale, la dette en Afrique est une problématique qui dure depuis longtemps et est un produit de l'histoire», a-t-il estimé. «Elle n'est pas apparue aujourd'hui, et elle encore moins provoquée par la Chine».
La Chine est le principal bailleur bilatéral d'infrastructures en Afrique, pour un total excédant les financements combinés de la Banque africaine de développement (BAD), de l'Union européenne, de la Société financière internationale (IFC), de la Banque mondiale et du G8.
«Nous savons qu'en terme de financement, certains pays africains ont rencontré des difficultés», a reconnu lors d'une conférence de presse à Addis Abeba le chef de la diplomatie chinoise, qui se rendra ensuite en Gambie, au Sénégal et au Burkina Faso. «La Chine y attache beaucoup d'importance, en tant que bon ami et frère de l'Afrique», a-t-il ajouté. «Nous sommes toujours prêts à faire un geste quand les pays africains en ont besoin».
L'investissement étranger chinois en Afrique sub-saharienne s'est élevé à 298 milliards de dollars entre 2005 et 2018, selon le groupe de réflexion American Enterprise Institute (AEI). M. Wang et son homologue éthiopien, Workneh Gebeyehu, se sont félicités des liens étroits unissant leurs deux pays et ont écarté toute idée d'un refroidissement de leurs relations depuis l'arrivée au pouvoir en avril 2018 du Premier ministre réformateur éthiopien, Abiy Ahmed.
«Nous pensons que le processus de réformes en Ethiopie renforcera encore plus nos liens avec la Chine», a déclaré M. Workneh. «La Chine continuera à être le partenaire stratégique de l’Éthiopie».
Otric N.