L'Union africaine (UA) a indiqué samedi être attachée au «strict respect de l'ordre constitutionnel» dans un communiqué relatif au Gabon, où la Cour constitutionnelle a modifié mercredi la Constitution pour pallier l'absence du chef de l'Etat Ali Bongo Ondimba, hospitalisé.
Une «mission d'information et d'écoute» sera dépêchée «dans les meilleurs délais» à Libreville, ajoute le communiqué du président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat.
Le secrétaire général de l’Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat s’est dit attentif à la situation sociopolitique qui prévaut au Gabon depuis l’hospitalisation, le 24 octobre dernier, du président Ali Bongo Ondimba à Riyad, en Arabie Saoudite, dans un communiqué rendu public sur le site du département Paix et Sécurité de l’organisation.
Dans son adresse, le diplomate a appelé les acteurs de la vie politique gabonaise et les institutions à conjuguer leurs efforts en toute responsabilité en vue de préserver l’unité, la paix et la stabilité du Gabon. Avant de souhaiter un prompt rétablissement au président gabonais Ali Bongo Ondimba, Moussa Faki Mahamat a promis qu’il dépêchera une mission d’information et d’écoute sur Libreville.
Sensible à la dernière actualité qui alimente les débats les plus complexes sur la modification de la constitution par la Cour éponyme jeudi dans la nuit, en vue de donner des prérogatives au Vice-Président Pierre Claver Maganga Moussavou, Moussa Faki Mahamat a réaffirmé «l’indéfectible attachement de l’Union africaine au strict respect de l’ordre constitutionnel».
Dans un discours en ouverture du sommet de l'UA samedi à Addis-Abeba (Ethiopie), Paul Kagame, président rwandais et président en exercice de l'organisation, a souhaité à M. Bongo un «prompt rétablissement et une stabilité durable pour son pays, le Gabon».
Mercredi, la Cour constitutionnelle du Gabon a modifié la Constitution afin de faire face à «l'indisponibilité temporaire» du président Bongo, hospitalisé depuis plus de trois semaines à Ryad. La Cour a autorisé le vice-président, Pierre-Claver Maganga Moussavou, «à convoquer et à présider un Conseil des ministres».
Avant d'être modifiée par la Cour, la Constitution gabonaise stipulait que seul le président pouvait autoriser son vice-président à organiser un Conseil des ministres. Celui-ci s'est tenu vendredi à Libreville, le premier depuis l'hospitalisation de M. Bongo.
Ali Bongo est depuis le 24 octobre en Arabie saoudite où, selon la présidence à Libreville, il se trouve «dans une phase de recouvrement de la plénitude de ses facultés physiques» à la suite d'un «malaise», de «vertiges» et d'un «saignement». Une source étrangère a affirmé début novembre à l'AFP que M. Bongo «a eu un AVC» (accident vasculaire cérébral), la cause de son hospitalisation.
Dans la foulée de la décision de la Cour, l'opposition et la société civile ont dénoncé «un coup de force» et «un coup d'Etat constitutionnel» opérés par la présidente de la Cour, Marie-Madeleine Mborantsuo.
«La cour constitutionnelle en République gabonaise n’a violé aucune disposition à la constitution», s’est défendue Mme Mbourantsuo dans une interview exclusive qu’elle a accordée vendredi soir à Gabon 1ère, la télévision d’Etat.
Pour la gardienne de la loi fondamentale, la cour constitutionnelle en tant qu’organe régulateur du fonctionnement des institutions et de l’activité des pouvoirs publics, a pris cette «solution jurisprudentielle», conformément aux dispositions des articles « 83 et 88 » de la constitution.
Dans lesdits articles, le constituant donne les «pouvoirs» à la cour constitutionnelle, non seulement de combler des lacunes éventuelles, mais aussi de régler d’une manière provisoire une situation inédite et urgente.
Otric N.