Évoquant une masse de travail importante, un des juges de la haute cours du Kenya devant statuer sur la constitutionnalité de lois criminalisant l'homosexualité a annoncé ce vendredi, le report du jugement pour le mois de mai prochain.
Pressions internationales aidant, les lois condamnant l’homosexualité dans la plupart des pays africains sont aujourd’hui débattues ou du moins mises sur la sellette. Un certain nombre de pays dont le Mozambique depuis 2015, l’Angola, en sont déjà parvenus à abolir et décriminaliser ces pratiques. Au Botswana, une procédure judiciaire contre ce type de loi devrait être entendue en mars.
Au Kenya, c’est en 2016 que la haute cours a été saisie par des organisations de défense des homosexuels, qui demandent que soient abrogées des lois datant de l’époque coloniale et criminalisant l’homosexualité. Il faut dire que ces lois sont particulièrement sévères. En effet, Une section du code pénal kényan prévoit une peine d’emprisonnement de 14 ans pour quiconque a une « connaissance charnelle… contre l’ordre naturel ». Une autre section du même code pénal prévoit cinq ans de prison pour les « pratiques indécentes entre hommes ».
Les plaignants, dont l’un est Le Conseil national des droits de l’homme pour les gays et lesbiennes (NGLHRC) estiment que les sections du code pénal sur l’homosexualité sont en directe contradiction avec la Constitution adoptée en 2010, qui prévoit l’égalité des citoyens devant la loi.
S’agissant du report du jugement dont il question ici, il serait simplement dû, selon un juge de la haute cours kényane à une masse importante de travail. « La pile de dossiers est plus haute que moi », a justifié Chacha Mwita, un des juges travaillant sur cette affaire, soulignant par ailleurs qu’un de ses collègues est indisponible pour raison de congé et que les trois juges dans ce dossier ont également été assignés à de nombreuses autres affaires.
« Nous prévoyons de nous voir en avril, si tout va bien, afin de voir si nous pouvons parvenir à une décision », a-t-il ajouté en salle d’audience, avant de fixer la nouvelle date du jugement au 24 mai.
Le NGLHRC via son compte Twitter s’est dit très déçu par ce report. Dans la même veine, Les défenseurs des droits des homosexuels reconnaissent que les condamnations en vertu de ces lois sont rares, mais ils estiment que ces législations prévoyant de lourdes peines de prison pour des actes sexuels « contre l’ordre naturel » sont anticonstitutionnelles et cautionnent certains actes de persécution contre les LGBT.
Ferdin N.