La convocation adressée au chef de la diplomatie française est signée par le juge d’instruction du deuxième cabinet au tribunal de Grande instance de la commune III du district de Bamako.
Le ministre français des Affaires étrangères est attendu le 20 juin devant le juge d’instructions du pole économique et financier au tribunal de grande instance de Bamako. Jean-Yves Le Drian doit être entendu dans le cadre d’une enquête où il est accusé de porter « atteintes aux biens publics et de commettre d’autres infractions aux dépens de l’Etat du Mali ».
De source judiciaire au Mali, cette enquête fait suite à une plainte d'une plateforme de plusieurs associations de la société civile malienne, dénommée "Maliko" ("La cause du Mali"). Plus précisément, il s’agit d’une affaire datant de 2015, relative à une « attribution de marché de fabrications de passeports maliens à une société française » à laquelle le fils du ministre serait lié.
A cette époque, Ibrahim Boubacar Keïta était encore président du Mali et c'est la société française Oberthur Technologie qui avait obtenu le marché pour une dizaine d'années.
La justice malienne essaie donc d’élucider si Jean-Yves Le Drian, à l’époque ministre de la Défense, a appuyé le dossier « pour défendre une entreprise française ou ses intérêts ».
Le Quai d'Orsay a indiqué ne pas avoir été informé de cette convocation. "Aucune notification, ni information d’aucune sorte ne nous sont parvenues par les canaux appropriés", a commenté le ministère.
Alors que certains se demandent si le diplomate français va se présenter à Bamako, un internaute répond : « Le Vice-président de la République de Guinée Equatoriale s’est bien présenté au tribunal à Paris, Jean-Yves Le Drian peut bien et doit le faire. Sans que cela lui enlève ce qu’il est : un ministre du gouvernement français. C’est ici que nous allons mesurer le degré de démocratie et du respect des lois des français ».
Cette convocation intervient alors que les tensions entre le Mali et la France sont de plus en plus fortes. Les relations se sont progressivement dégradées entre les deux pays depuis le renversement en 2020, du régime d’Ibrahim Boubacar Kéita par les militaires avec à leur tête, le Colonel Assimi Goita. En fin janvier 2022, le gouvernement de transition du Mali a expulsé l’ambassadeur français de son territoire. Ces autorités ont également annoncé au début de ce mois, la dénonciation des accords de défense avec la France et l’Union européenne.