S’exprimant à la télévision, Jair Bolsonaro, surnommé le ‘Trump Brésilien’, a appuyé la responsabilité des Africains dans la traite des esclaves noirs transatlantique, ajoutant que « les Portugais n’allaient jamais en Afrique ».Il n’en est pas à son premier dérapage. Jair Bolsonaro, qui est en juillet 2018 l’un des grands favoris de l’élection présidentielle brésilienne d’octobre de la même année, avait par exemple déclaré publiquement de Maria do Rosário, une femme politique, qu’elle « ne méritait pas d’être violée« . A une autre occasion, il avait déclaré que les réfugiés africains, haïtiens et moyen-orientaux au Brésil étaient « la racaille de l’humanité » et que « l’armée devait s’occuper de leurs cas« .
Bolsonaro, qui se présente lui-même comme le ‘Trump brésilien’ s’est distingué par une nouvelle sortie controversée au sujet des Noirs au début du mois de juillet 2018.
Invité de l’émission de télévision brésilienne Roda Viva, le membre du Congrès de l’Etat de Rio de Janeiro s’est exprimé au sujet de la discrimination positive.
« Je n’ai aucune dette envers qui que ce soit » a-t-il déclaré. « Je n’ai jamais réduit personne en esclavage dans ma vie. En quoi serait-il juste que la discrimination positive se fasse au détriment de ma fille? »
Bolsonaro, qui a promis en cas d’élection de réduire les politiques de discrimination positive envers Afro-descendants et descendants d’Amérindiens dans les universités brésiliennes a aussi évoqué la question de la responsabilité dans la traite des Noirs.
« Si l’on s’en tient à la réalité historique, les Portugais n’allaient même pas en Afrique » a-t-il expliqué. « Ce sont les Noirs eux-mêmes qui livraient des esclaves ».
Ce commentaire s’inscrit dans la logique suivante. Parce que des Africains ont participé à la traite des Noirs, les Africains en seraient de fait plus responsables que les Européens. Ces Africains auraient davantage contribué à capturer physiquement les futurs déportés qu’eux. Cette gravité serait décuplée par la fraternité d’avec les victimes trahie par les collaborateurs.
Ce genre de raisonnement pose évidemment problème. Dans l’histoire, ce recours aux Africains comme pourvoyeurs d’esclaves a évidemment commencé comme une stratégie européenne consistant à éviter le conflit physique direct avec les Africains qu’ils s’apprêtaient à capturer, plutôt qu’une initiative africaine.
En outre, l’historiographie européenne est très encline à décrire les souverains des multiples états d’Afrique centrale et de l’ouest contemporains de l’esclavage comme des ‘roitelets’ pour diminuer leur stature par rapport aux états unifiés d’Europe de l’ouest d’alors. Bizarrement, lorsqu’il s’agit de faire porter le chapeau de la traite aux Africains, on oublie le grand nombre de ces ‘roitelets’ pour seulement se focaliser sur les états africains les plus puissants, qui se sont précisément enrichis et agrandis grâce à la traite avec les états ouest-européens qui ont quant à eux tous participé à la traite.
Sont ainsi rayés de la carte de l’Afrique tous les autres ‘roitelets’ harcelés, attaqués et exploités par les états collaborateurs, souvent aidés par la supériorité technique que leur conférait les armes acquises lors de la traite, voire par l’intervention militaire explicite d’Européens.