Le patron de l’église catholique romaine, a appelé lundi soir les fidèles à laisser de côté leur voracité consumériste, pour réfléchir au sens spirituel de leur vie et au partage avec les plus humbles, dans son homélie de la nuit de Noël.
« L’homme est devenu avide et vorace. Avoir, amasser des choses semble pour beaucoup de personnes le sens de la vie », a constaté le pape, devant une dizaine de milliers de fidèles rassemblés comme chaque année dans la majestueuse basilique Saint-Pierre de Rome.
« Partager et donner »
« Une insatiable voracité traverse l’histoire humaine, jusqu’aux paradoxes d’aujourd’hui ; ainsi quelques-uns se livrent à des banquets tandis que beaucoup d’autres n’ont pas de pain pour vivre », a martelé le pape argentin, infatigable défenseur des pauvres, en appelant les fidèles à ne pas glisser dans les ravins de la mondanité et du consumérisme.
« Le petit corps de l’Enfant de Bethléem lance un nouveau modèle de vie : non pas dévorer ni accaparer, mais partager et donner… Est-ce que j’arrive à me passer de tant de garnitures superflues, pour mener une vie plus simple ? Demandons-nous : à Noël, est-ce je partage mon pain avec celui qui n’en a pas ?», a plaidé le pape lors de la messe de la nuit de Noël, qui commémore dans la tradition chrétienne la naissance de Jésus de Nazareth à Bethléem.
Le pape, qui vient de fêter ses 82 ans, a pris de nombreuses autres résolutions, en cette période de la fête de la nativité.
« L’Eglise ne va plus jamais détourné le regard face aux abominations de membres du clergé, ayant commis des abus sexuels », a déclaré le pape François, lors de ses vœux annuels à la Curie romaine, avant de demander au clergé coupable de se livrer à la justice civile.
« Il doit être clair que face à ces abominations, l’Eglise ne se ménagera pas pour faire tout ce qui est nécessaire afin de livrer à la justice quiconque aura commis de tels délits », a-t-il affirmé, sans préciser s’il parlait du système judiciaire interne à l’Eglise catholique ou de la justice civile des Etats.
« L’Eglise ne cherchera jamais à étouffer ou à sous-estimer aucun cas. Il est indéniable que certains responsables, par le passé, par légèreté, par incrédulité, par impréparation, par inexpérience ou par superficialité spirituelle et humaine, ont traité de nombreux cas sans le sérieux et la rapidité requis. Cela ne doit plus jamais se produire. C’est le choix et la décision de toute l’Eglise », a-t-il martelé.
Le pape a prononcé des paroles particulièrement cinglantes sur les hommes consacrés qui abusent des faibles en profitant de leur pouvoir moral et de persuasion : « Ils commettent des abominations et continuent à exercer leur ministère comme si de rien n’était, ils ne craignent pas Dieu, ni son jugement mais craignent seulement d’être découverts et démasqués », a-t-il confirmé en estimant que les amoureux des actes répréhensibles lacèrent le corps de l’Eglise.
Un appel à distinguer vrais cas d’agressions sexuelles et calomnies sans fondement
« Derrière une apparente gentillesse démesurée et un visage angélique, certains hommes d’Eglise cachent sans vergogne un loup terrible prêt à dévorer les âmes innocentes », a-t-il encore déploré. Le pape a néanmoins appelé à soigneusement distinguer entre vrais cas d’agressions sexuelles et calomnies sans fondement, au sein de l’Eglise mais aussi dans les autres sphères de la société.
« C’est une tâche assez difficile dans la mesure où les vrais coupables savent se cacher soigneusement au point que beaucoup de femmes, de mères et de sœurs n’arrivent pas à les découvrir chez les personnes les plus proches : maris, parrains, grands-parents, oncles, frères, voisins, enseignants », a-t-il noté. « A ceux qui abusent des mineurs, je voudrais dire : convertissez-vous et remettez-vous à la justice humaine et, préparez-vous à la justice divine… ».
Nicole Ricci Minyem