Le gouvernement gabonais a été remanié ce mercredi 30 janvier 2019 avec en particulier un changement à la tête du ministère de la Défense, a annoncé la présidence deux semaines après la prestation de serment du précédent cabinet et sur fond de guerres de clans en l'absence du président Ali Bongo Ondimba.
Le ministère régalien de la Défense a changé de main : Etienne Massard Kabinda Makaga, cacique du clan Bongo en poste depuis 2016 après avoir été Secrétaire général de la présidence, est remplacé par la maire de Libreville, Rose Christiane Ossouka Raponda.
Autre changement de portefeuille : Biendi Maganga Moussavou, fils du vice-président Pierre-Claver Maganga Moussavou, retrouve le ministère de l'Agriculture qu'il avait cédé deux semaines auparavant à Ali Akbar Onanga Y'Obeghe. Norbert Emmanuel Tony Ondo Mba devient Ministre de l’Eau, de l’Énergie, de la Valorisation et de l’Industrialisation des ressources minières, en remplacement de Christian Magnagna.
« Il s’agit d’un +réaménagement+ » du gouvernement et non d'un remaniement, a déclaré la présidence. Ce remaniement intervient deux semaines après la prestation de serment de l'ancien gouvernement devant le président de la République, qui avait fait un retour express de moins de 24 heures au Gabon pour l'occasion. Les nouveaux ministres n'auront pas à prêter serment devant M. Bongo, a indiqué une source présidentielle.
Victime d'un accident cardio-vasculaire (AVC) le 24 octobre en Arabie saoudite, le président gabonais poursuit sa convalescence au Maroc après plusieurs semaines passées à l'hôpital de Ryad. Ce retour mi-janvier, après presque trois mois d'absence qui ont alimenté les rumeurs et les doutes sur son réel état de santé, devait prouver que le chef de l'Etat, qui a succédé à son père Omar Bongo en 2009, est bien aux commandes.
Cela n'a pas été le cas: les doutes subsistent au Gabon, où différents clans internes au pouvoir se toisent. Il y a des « débats » mais «pas d'opposition frontale », a voulu en janvier rassurer la présidence. Une tentative ratée de coup d'Etat a eu lieu début janvier.
Le président de Dynamique unitaire (DU), principale confédération syndicale des agents publics, Jean Remy Yama, invité dimanche du journal Afrique sur le plateau de TV5, a annoncé que son organisation devra exiger dans les prochains jours la vacance du pouvoir pour dit-il mettre fin à l’absence prolongée, du Président Ali Bongo Ondimba, officiellement en convalescence à Rabat au Maroc après son AVC de Riyad en Arabie le 24 octobre 2018.
« Nous devons exiger purement et simplement la vacance du pouvoir parce que tous les éléments s’y prêtent », a déclaré M. Yama, estimant par ailleurs que l’exécutif « cache au peuple son président ».
A l’instar des leaders politiques de l’opposition radicale, Jean Remy Yama est sceptique sur l’état de santé du numéro un gabonais, sujet à moult supputations. « Il n y a que l’exécutif qui nous dit qu’Ali est vivant, qu’Ali se porte bien, à travers les photos et les vidéos, donc pour l’instant on y croit plus sincèrement », a-t-il douté avec insistance.
Otric N.