Condamné à trois ans de prison, l’ancien avocat du président américain a accepté de donner sa version des faits, devant les membres du congrès, lors d’une session publique, devant les caméras de télévision.
« Pour apporter des réponses au peuple américain, j’ai accepté l’invitation des démocrates de la Chambre des représentants. J’attends avec impatience de pouvoir donner un compte-rendu complet et crédible de tous les événements », a indiqué l’ancien fixeur de Donald Trump. Il va sans doute donner sa version des faits sur le paiement à Stormy Daniels et sur les projets de construction d’une Trump Tower à Moscou pendant la campagne.
Témoigner publiquement ne signifie pas que Michael Cohen pourra répondre à toutes les questions. Certains sujets liés à l’enquête du procureur Robert Mueller sur les soupçons de collusion entre la campagne de Donald Trump et Moscou seront sans doute encore confidentiels. Selon les médias, le procureur est toutefois en train de boucler son rapport, et le témoignage de Michael Cohen signifie sans doute que l’on se trouve dans la dernière ligne droite.
Au mois de décembre, lors de son passage devant les autorités judicaires, l’ancien avocat avait plaidé coupable pour huit chefs d’accusation, notamment de violation de la loi sur le financement électoral pour avoir acheté pour le compte de Donald Trump selon lui, le silence de deux femmes qui affirment avoir eu une liaison avec le milliardaire américain. Il a également plaidé coupable de fraude fiscale sur ses affaires personnelles et, d’avoir menti au Congrès sur ses contacts avec des Russes pendant la campagne.
Le spectre d'un possible impeachment
Reste la question la plus critique : Michael Cohen s’est-il rendu en secret à Prague pendant la campagne pour rencontrer des officiels russes ? C’est ce qu’affirme le journal américain Mc Clatchy, se basant sur quatre sources. Mais il s’agit de sources indirectes, et aucun autre média américain n’a été en mesure de corroborer ces affirmations. Michael Cohen, lui, a toujours fermement nié s’être rendu en République Tchèque.
Les juristes en débattent mais il semble quoi qu'il arrive assez peu probable que le Président des Etats – Unis, protégé par son statut, puisse être inculpé. En revanche, le rapport de Robert Mueller sera transmis au Congrès et, c’est à la lecture de ce dernier que les membres pourront décider s’il y a matière à enclencher un processus d’impeachment, prévu en cas de trahison, corruption ou tout autre crime majeur. Le grand finale, dans un sens ou dans l'autre, approche.
Cohen ayant été condamné pour violation de la loi sur le financement électoral – car les paiements n’ont pas été dévoilés – Donald Trump risque, en théorie très gros. Mais même s’il y a débat chez les juristes américains, Paul Rosenzweig, avocat dans l’équipe du procureur Starr lors de l’affaire Lewinsky, expliquait il y’a quelques jours, « qu’un président en exercice ne peut pas être mis en examen ».
Mais le représentant démocrate et ancien procureur Adam Schiff a estimé que même sans parler d’impeachement, « il y a désormais un risque fort que Donald Trump puisse être inculpé une fois qu’il ne sera plus président. Il jouera donc gros en 2020 ».
Nicole Ricci Minyem