Avant la tenue de la rencontre, de nombreuses organisations indépendantistes ont appelé à bloquer la ville et même d'empêcher la réunion gouvernementale qui a finalement été délocalisée dans la métropole catalane.
Le gouvernement espagnol s’est réuni en fin de semaine, pour un conseil des ministres sous haute protection policière, en raison des nombreuses manifestations prévues par les indépendantistes radicaux, qui contrastent avec le dialogue renoué avec le gouvernement catalan.
«Soyons ingouvernables - Faisons tomber le régime…». C'est sous ces mots d'ordre que plusieurs organisations catalanes ont appelé leurs militants à tenter de bloquer Barcelone et même d'empêcher la réunion gouvernementale délocalisée dans la métropole catalane et perçue comme une provocation du chef du gouvernement espagnol Pedro Sanchez.
Dès l'aube, une dizaine de routes avaient été coupées par les indépendantistes radicaux des Comités de défense de la République (CDR) en Catalogne, dont les autoroutes AP7 et A2, d'importantes voies d'accès à Barcelone ainsi que des axes névralgiques de la métropole catalane, a indiqué le service de gestion du trafic de la région.
L'image contraste avec la réunion au sommet en fin de semaine dernière, entre M. Sanchez et le président indépendantiste régional Quim Torra, à l'issue de laquelle un inhabituel communiqué commun a été publié pour affirmer le pari d'un dialogue effectif en vue de garantir une solution à la crise catalane. Au cours de cette rencontre, tenue après des semaines de tensions, Madrid et le gouvernement catalan ont convenu de se revoir en janvier.
Parmi les sujets à l’ordre du jour, l’approbation d’une forte augmentation du salaire minimum, la revalorisation du salaire des fonctionnaires et l’annonce des investissements dans les infrastructures catalanes, réclamés de longue date.
Mais les activistes indépendantistes ont prévu d'offrir un accueil des plus hostiles à Pedro Sanchez, que même son prédécesseur conservateur Mariano Rajoy, pourtant fermement opposé aux séparatistes, n'a pas connu.
Les militants des CDR prétendent empêcher l'accès des ministres aux lieux. Ces collectifs d'extrême gauche, qui ont déjà tenté par le passé d'occuper par la force le parlement régional, ne cessent de répéter sur les réseaux sociaux les slogans «Soyons ingouvernables» ou «Débordons-les».
Parallèlement, l'influente association Assemblée nationale catalane (ANC), organisatrice ces dernières années de manifestations massives pour l'indépendance, a invité ses militants à se rendre en voiture à Barcelone pour bloquer la ville.
Face aux risques d'incidents, après que plusieurs rassemblements dans la région eurent dégénéré ces derniers mois en affrontements avec la police, le gouvernement régional a multiplié les appels au calme : «Le gouvernement a toujours été très clair et appelé à la non-violence, au pacifisme, au civisme», a affirmé la porte-parole de l'exécutif régional, Elsa Artadi.
Investi à la tête du gouvernement début juin 2018, notamment grâce aux voix des indépendantistes catalans, Pedro Sanchez avait entamé son mandat avec la volonté de renouer le dialogue, huit mois après la tentative de sécession de la Catalogne en octobre 2017.
Mais le ton s'était durci ces dernières semaines entre les deux parties. Les indépendantistes, sans qui M. Sanchez n'a pas de majorité au parlement, avaient ainsi annoncé qu'ils ne voteraient pas le budget après les lourdes réquisitions du parquet espagnol début novembre à l'encontre de leurs dirigeants devant être jugés début 2019 pour leur rôle dans la tentative de sécession.
Le chef du gouvernement, échaudé par le succès de l'extrême droite à l'élection régionale début décembre en Andalousie (sud), notamment grâce à son discours anti-indépendantiste, avait tenu des propos très virulents contre les séparatistes la semaine dernière en les accusant de «ne plus avoir que le mensonge pour soutenir leurs positions politiques».
Nicole Ricci Minyem