Louisa Vesterager Jespersen et Maren Uelan ont été tuées le 17 décembre 2018 au Maroc. Le suspect arrêté et trois de ses présumés complices ont de très forts liens avec le milieu islamiste radical
La police marocaine envisage sérieusement la piste terroriste, après le meurtre de deux jeunes femmes scandinaves, dans le Sud du Maroc. Une thèse avancée à cause du profil du suspect arrêté et de ses trois complices présumés, actuellement en cavale, a-t-on appris de sources concordantes.
« La piste terroriste n’est pas à écarter. Les investigations se poursuivent » après la découverte des corps des deux randonneuses danoise et norvégienne en début de semaine, dans une vallée du Haut-Atlas, a déclaré Boubker Sabik, le porte-parole de la Direction générale de la sûreté nationale : « La piste radicale islamiste n’est pas écartée, du fait du profil du suspect arrêté et des trois hommes recherchés (…) qui ont des liens avec le milieu islamiste radical », a par ailleurs déclaré une source proche du dossier.
Le suspect arrêté lundi dans un quartier populaire de Marrakech appartient à un groupe extrémiste, selon un communiqué du procureur général du roi près la Cour d’appel de Rabat. Les trois autres hommes recherchés « ont été identifiés et sont activement recherchés par tous les services sécuritaires », a précisé M. Sabik. L’un des trois a un « passé judiciaire lié à des actes terroristes », a précisé la source proche du dossier.
Mortes décapitées
Les deux victimes sont des amies, Louisa Vesterager Jespersen, une étudiante danoise de 24 ans et Maren Ueland, une Norvégienne de 28 ans. Elles étaient parties ensemble pour un mois de vacances au Maroc. Leurs corps ont été découverts lundi dans un site isolé où elles avaient planté la tente pour la nuit, sur la route du Mont Toubkal, le plus haut sommet d’Afrique du Nord. L’une des deux a été décapitée, a indiqué aux médias, la source proche du dossier. « Par ailleurs, les investigations se poursuivent pour authentifier une vidéo relayée sur les réseaux sociaux, présentée comme montrant le meurtre d’une des deux touristes », selon le communiqué du procureur.
Le double assassinat a semé la consternation à Imlil, une localité de montagne où vivent plus de 10.000 âmes sans histoire. Ses auberges et ses modestes gites servent de camp de base aux randonneurs étrangers. Ce qui constitue un apport économique aux habitants. Le double de cette semaine inquiète les uns et les autres, sur une possible désaffection des touristes.
A Imlil, qui vit essentiellement du tourisme vert et de l’agriculture, beaucoup préfèrent se taire pour ne pas nuire à l’image de la région. Certains disent avoir été sommés par les autorités de ne pas parler aux journalistes : « Notre région est sûre, ceux qui ont fait ça ne sont pas d’ici », a ainsi déclaré Mohamed, le patron sexagénaire d’une auberge familiale au bout de la route goudronnée qui conduit à Imlil, avant les pistes caillouteuses menant vers les cimes enneigées du Toubkal.
Nicole Ricci Minyem