La Russie va former dans ses écoles militaires des soldats centrafricains en vertu d’un accord signé mardi entre les deux pays dont les liens ont été mis en lumière récemment par l’assassinat de trois journalistes russes.Cet accord vise “va contribuer à renforcer nos liens dans le domaine de la défense”, a souligné le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou, cité par les agences russes après la signature d’un accord intergouvernemental avec son homologue centrafricaine Marie-Noëlle Koyara.
La Centrafrique est vue “comme un partenaire prometteur sur le continent africain”, a ajouté le ministre russe, présent à l’inauguration d’un forum militaire à Koubinka (région de Moscou).
Selon Mme Koyara, le document porte notamment sur la formation des forces armées centrafricaines.
Le vice-ministre de la Défense russe Alexandre Fomine a lui évoqué “un accord cadre”, devant permettre des “échanges de délégations” et “des formations dans des écoles militaires russes”.
Depuis le début de l’année, la Russie a envoyé en Centrafrique cinq officiers militaires et 170 instructeurs civils, et a livré des armes à l’armée nationale après avoir obtenu une exemption à l’embargo de l’ONU.
Elle assure également la sécurité du président Faustin-Archange Touadéra, dont le conseiller à la sécurité est un Russe.
Des experts ont identifié les “instructeurs civils” envoyés par Moscou comme des mercenaires du puissant groupe militaire privé russe Wagner, sans existence légale en Russie, qui s’est notamment illustré en Syrie ces dernières années.
Dans la nuit du 30 au 31 juillet, le reporter de guerre Orkhan Djemal, le documentariste Alexandre Rastorgouïev et le caméraman Kirill Radtchenko ont été tués par des hommes armés dans le nord de la Centrafrique. Ils y enquêtaient sur de possibles activités de Wagner pour le compte d’un projet de l’opposant russe en exil Mikhaïl Khodorkovski.
L’implication croissante de la Russie en Centrafrique s’inscrit dans une stratégie de reconquête géopolitique et économique plus large du Kremlin sur le continent africain.
Sergueï Choïgou a rappelé mardi les liens qui unissaient la Centrafrique et l’URSS dans les années 1960 et 1970, quand, a-t-il dit, jusqu’à 150 conseillers soviétiques y travaillaient.
Il a également signé un accord militaire avec le Burkina Faso mardi, qualifiant ce pays de “partenaire prometteur” notamment dans le domaine de la lutte contre le terrorisme.