Ils sont 5 membres du gouvernement à avoir déposé le tablier ce jeudi matin. Parmi eux, le ministre en charge du Brexit. Une situation très complexe pour Theresa Mey qui perd ainsi son deuxième ministre du Brexit, Dominic Raab, en l'espace de quatre mois de même que sa ministre en charge du travail, Esther McVey. Plusieurs secrétaires d'État sont également du nombre.
Le fragile consensus sur l'accord de retrait de l'UE au gouvernement britannique n'a pas tenu 24 heures. Jeudi matin, deux ministres et trois secrétaires d'Etat ont claqué la porte du gouvernement en protestation. Le ministre en charge du Brexit, Dominic Raab a annoncé qu'il ne pouvait "pas soutenir en conscience les termes proposés pour la sortie de l'UE". C'est le second occupant de ce poste crucial à démissionner en quatre mois, après David Davis en juillet dernier pour les mêmes raisons, en même temps que Boris Johnson. Il a été imité ensuite par sa secrétaire d'Etat, Suella Braverman, elle aussi pro-Brexit.
Quelques instants plus tard, c'était au tour de la ministre du travail et des retraites Esther McVey d'annoncer son départ. "L'accord que vous avez présenté au cabinet hier n'honore pas le résultat du référendum", assène-t-elle dans sa lettre à Theresa May. Une autre secrétaire d'Etat lui emboîtait le pas.
C'est un coup violent porté à la première ministre. Pas sûr que sa stratégie péniblement élaborée en sortira indemne. Tenu à l'écart des négociations avec Bruxelles menées en direct par Downing Street, Dominic Raab, 44 ans, était tout de même l'un des poids lourds pro-Brexit, et une importante cheville ouvrière du gouvernement. Il s'était ridiculisé la semaine dernière en avouant qu'il n'avait réalisé que récemment la particularité géographique insulaire de la Grande-Bretagne et sa dépendance à l'axe Calais-Douvres pour ses approvisionnements.
Theresa May et ses proches se tenaient prêts à encaisser les départs de quelques figures de second plan. En début de matinée, un obscur secrétaire d'État à l'Irlande du Nord, Shailesh Vara, avait déjà annoncé sa démission. Mais le supplice chinois de ces lâchages en série n'était pas prévu. Difficile de voir comment rebondir.
Dans sa lettre de démission, Raab explique que "le régime réglementaire proposé pour l'Irlande du Nord présente une menace très réelle pour l'intégrité du Royaume-Uni". "Aucune nation démocratique n'a jamais signé pour être soumise à un tel régime, imposé de l'extérieur, sans aucun contrôle démocratique sur les lois qui doivent être appliquées", poursuit-il. De plus, il déplore le mécanisme mis en place pour garantir l'absence de frontière irlandaise dans lequel "l'UE détient un veto sur notre capacité à en sortir"
Dominic Raab
" Today, I have resigned as Brexit Secretary. I cannot in good conscience support the terms proposed for our deal with the EU. Here is my letter to the PM explaining my reasons, and my enduring respect for her."
Il résume ainsi les objections des Brexiters à l'accord conclu entre Londres et Bruxelles, discuté pendant cinq heures mercredi lors d'une réunion houleuse du conseil des ministres. Plusieurs proeuropéens partagent désormais ces doutes, et plaident pour l'organisation d'un nouveau référendum, à l'instar de Shailesh Vara ou Jo Johnson, frère de Boris, qui a démissionné vendredi du secrétariat d'État aux Transports.
May sous pression maximale
C'est sous une pression maximale que Theresa May doit affronter jeudi matin le Parlement pour lui présenter son accord très critiqué et répondre à un feu nourri de questions. Le vote très incertain des députés, prévu en décembre, sur le texte, est rendu encore plus hypothétique par la démission de Dominic Raab qui donne l'impression que les rats quittent le Titanic avant le naufrage. Theresa May a assuré ses ministres que le choix entre leurs mains était entre cet accord, 'le meilleur possible", une sortie brutale sans accord ou pas de Brexit du tout.
Stéphane Nzesseu